La revue Artéfact soutient
L'ensemble La Tempesta
Musique INTEMPESTIVE, c'est sous cet emblème et dans une volonté et un souffle créateurs que La Tempesta a placé sa fondation. Dirigé par Patrick Bismuth, l’ensemble réuni des musiciens experts et talentueux, dans le but de faire découvrir des musiques inouïes ou de relire avec audace et enthousiasme les chefs d’œuvres du passé. Ils retravaillent alors la musique instrumentale et vocale des xviième et xviiième siècles, avec le souci constant de contribuer au renouvellement du répertoire, et varient la forme de ses concerts.
C’est ainsi que La Tempesta a réussi à obtenir un son unique et original. Qu’il soit sous la forme d’un quatour ou d’un orchestre de chambre, l’ensemble sillonne la France et tourne à l'étranger (Europe, Canada, Moyen Orient etc.).
Plus d'information : www.ensemblelatempesta.com
Musique INTEMPESTIVE, c'est sous cet emblème et dans une volonté et un souffle créateurs que La Tempesta a placé sa fondation. Dirigé par Patrick Bismuth, l’ensemble réuni des musiciens experts et talentueux, dans le but de faire découvrir des musiques inouïes ou de relire avec audace et enthousiasme les chefs d’œuvres du passé. Ils retravaillent alors la musique instrumentale et vocale des xviième et xviiième siècles, avec le souci constant de contribuer au renouvellement du répertoire, et varient la forme de ses concerts.
C’est ainsi que La Tempesta a réussi à obtenir un son unique et original. Qu’il soit sous la forme d’un quatour ou d’un orchestre de chambre, l’ensemble sillonne la France et tourne à l'étranger (Europe, Canada, Moyen Orient etc.).
Plus d'information : www.ensemblelatempesta.com
Le billet de Hédia Zaalouni
Découverte : Árstíðir !
Assez
peu connue en dehors de ses terres, la musique Islandaise a pour principaux
représentants les célèbres Björk et Sigur Rós. Cependant, un groupe assez
récent se fait le nouveau porte-parole d’un pays à la beauté étrange et sauvage.
Fondé en 2008 à Reykjavik, Árstíðir
commence à faire parler de lui à travers l’Europe, grâce notamment à sa
participation à la tournée de Pain Of Salvation, groupe de métal progressif pour
lequel il partage la première partie avec Anneke Van Giersbergen.
Produisant un son indie-folk ambiant et résolument minimaliste, le groupe, qui joue exclusivement en acoustique, se compose de six membres : Hallgrímur Jónas Jensson au violoncelle, Karl Aldinsteinn Pestka au violon, Gunnar Már Jakobsson et Daniel Auðunsson à la guitare, Ragnar Ólafssonj à la guitare baryton (qui est accordée plus bas qu'une guitare classique et possède un manche plus long et des frettes plus espacées) et enfin Jón Elísson au piano. Les six musiciens, tous pareillement talentueux sont également chanteurs, ce qui donne à leurs compositions un large panel de tessitures, exploité de manière magistrale par les lignes de chant. Outre la musique classique, ils s'inspirent beaucoup de folk, de musique progressive et de chants traditionnels islandais. La beauté éthérée des compositions du groupe est notamment due à des structures apparemment simples, mais qui sont en réalité étonnamment complexes.
Plébiscité en Islande, mais également en également en Suède, en Allemagne ou en Russie, Árstíðir a vu plusieurs de ses chansons remixées par des artistes de la scène électro internationale dans un EP, Tvíeind sorti en 2012.
Jusqu'à présent, le groupe a sorti deux albums Árstíðir paru en 2009 et Svefns Og Vöku Skil en 2011 et a joué à guichets fermés dans plusieurs pays d'Europe. Leur succès vient de l'univers qu'ils ont choisi de nous faire partager et de la sérénité qu'ils véhiculent. Quelques compositions semblent en phase avec notre époque ("Days and Nights" ou "Shades" toutes deux sur Svefns Og Vöku Skil ou "Kill Us" sur le premier album), pourtant, d'une manière générale leurs chansons nous transportent loin de l'agitation ambiante du 21ème siècle. Car Árstíðir propose un surprenant et inattendu voyage hors du temps. Leur deuxième album, plus encore que le premier, marque cet attachement à une mélancolie contemplative.
Alternant chant en islandais et en anglais, c'est une musique sobre, douce et élégante qu'ils nous offrent, comme une parenthèse invitant à la méditation. Inspirés par les paysages de leur Islande natale qui sont omniprésents dans les deux albums, les six musiciens ne créent pas une musique passéiste ou surannée mais rendent hommage à l'amour à travers la nature, et célèbrent ce lien profond entre l'homme et la grandeur qui l'entoure.
Emprunte d'une grâce solennelle, la musique d'Árstíðir est une véritable prouesse à la fois de précision, de sérénité, mais également d'humilité, un lieu de refuge et d'apaisement pour les esprits tourmentés de notre temps.
Produisant un son indie-folk ambiant et résolument minimaliste, le groupe, qui joue exclusivement en acoustique, se compose de six membres : Hallgrímur Jónas Jensson au violoncelle, Karl Aldinsteinn Pestka au violon, Gunnar Már Jakobsson et Daniel Auðunsson à la guitare, Ragnar Ólafssonj à la guitare baryton (qui est accordée plus bas qu'une guitare classique et possède un manche plus long et des frettes plus espacées) et enfin Jón Elísson au piano. Les six musiciens, tous pareillement talentueux sont également chanteurs, ce qui donne à leurs compositions un large panel de tessitures, exploité de manière magistrale par les lignes de chant. Outre la musique classique, ils s'inspirent beaucoup de folk, de musique progressive et de chants traditionnels islandais. La beauté éthérée des compositions du groupe est notamment due à des structures apparemment simples, mais qui sont en réalité étonnamment complexes.
Plébiscité en Islande, mais également en également en Suède, en Allemagne ou en Russie, Árstíðir a vu plusieurs de ses chansons remixées par des artistes de la scène électro internationale dans un EP, Tvíeind sorti en 2012.
Jusqu'à présent, le groupe a sorti deux albums Árstíðir paru en 2009 et Svefns Og Vöku Skil en 2011 et a joué à guichets fermés dans plusieurs pays d'Europe. Leur succès vient de l'univers qu'ils ont choisi de nous faire partager et de la sérénité qu'ils véhiculent. Quelques compositions semblent en phase avec notre époque ("Days and Nights" ou "Shades" toutes deux sur Svefns Og Vöku Skil ou "Kill Us" sur le premier album), pourtant, d'une manière générale leurs chansons nous transportent loin de l'agitation ambiante du 21ème siècle. Car Árstíðir propose un surprenant et inattendu voyage hors du temps. Leur deuxième album, plus encore que le premier, marque cet attachement à une mélancolie contemplative.
Alternant chant en islandais et en anglais, c'est une musique sobre, douce et élégante qu'ils nous offrent, comme une parenthèse invitant à la méditation. Inspirés par les paysages de leur Islande natale qui sont omniprésents dans les deux albums, les six musiciens ne créent pas une musique passéiste ou surannée mais rendent hommage à l'amour à travers la nature, et célèbrent ce lien profond entre l'homme et la grandeur qui l'entoure.
Emprunte d'une grâce solennelle, la musique d'Árstíðir est une véritable prouesse à la fois de précision, de sérénité, mais également d'humilité, un lieu de refuge et d'apaisement pour les esprits tourmentés de notre temps.
Old Sock - Eric Clapton
Eric Clapton n’a plus rien à prouver et il le fait savoir avec décontraction sur son dernier album Old Sock. Sorti fin mars 2013, Old Sock est le 21ème album studio de celui qui fut surnommé « God » dans les années 70 et qui reste à ce jour l’un des plus grands guitaristes du monde. Que les fans du rock tendance blues et country si cher à Clapton se rassurent : il est revenu aux fondamentaux. En effet, le dernier opus de Clapton, issu de sa collaboration avec le très grand trompettiste de jazz Wyton Marsalis avait surpris. Les deux musiciens avaient enregistré un live exceptionnel au Lincoln Center où on avait notamment pu entendre une version très jazz et très originale d’un des plus grands tubes de Clapton : «Layla » (en réalité un morceau de Derek and The Dominos l’un des tout premier groupe du guitariste). L’incursion de Clapton dans le monde du Jazz fut donc aussi brève que réussie et je vous invite vivement à aller l’écouter.
Old Sock est un prétexte pour le musicien à retrouver quelques bons amis (et pas des moindres puisqu’il invite Doyle Braham II, Chaka Kan, Paul McCartney, JJ Cale et Steve Winwood entre autres) et à jouer les morceaux qui lui tiennent à cœur, ni plus, ni moins. Le titre comme la pochette de l’album ou le single « Gotta Get Over » mettent en avant cette décontraction qui rappelle ce qu’on avait pu voir au festival CrossRoad Guitar Festival de 2004 où sur la scène texane, entre autres moments d’anthologie, se trouvait un quatuor visiblement ravi de partager un moment de musique : B.B. King, Jimmie Vaughan, Buddy Guy et Eric Clapton. Old Sock sent bon les vacances, la bonne énergie et le soleil. Au fil des chansons, qui sont en grande majorité des reprises, aidé de ses invités et du groupe qui le suit depuis quelques années (Steve Gadd à la batterie, Willie Weeks à la basse, Chris Stainton aux claviers, et Mihelle John et Sarah White pour les chœurs), Clapton revisite les différents genres musicaux qu’on lui connaît.
Avec « Further On Down the Road » de Taj Mahal qui vient pour l’occasion rejoindre l’équipe, l’album s’ouvre sur un morceau tendance reggae comme il sait si bien faire (tout le monde se souvient de sa reprise de « I Shot the Sheriff » sur l’album 461 Ocean Boulevard que beaucoup considèrent comme aussi bonne voire meilleure que l’originale). On note surtout deux reprises qui retiennent particulièrement l’attention : « Till You r Well Runs Dry » de Pete Tosh et « Your One and Only Man » d’Otis Redding qui relèvent le niveau d’un album simplement « détente ». On note également quelques compos pop rock à tendance jazzy : « The Folks Who Live on the Hill », « All of Me » (jouée avec Paul McCartney), « Our Love Is Here to Stay », l’émouvant hommage à Gary Moore « Still Got the Blues » chanté par Steve Winwood, qui rappellent toutes le dernier album studio sorti en 2010 et sobrement baptisé Clapton.
Clapton s’est fait plaisir sur cet album sympathique, comme on peut le constater sur Angel qu’il joue avec son ami J.J. Cale. Certes, l’album n’a pas la carrure d’un 461 Ocean Boulevard ou d’un Slowhand. On passe cependant un très bon moment et si c’est une façon agréable pour lui de profiter de ces 67 ans on ne va pas s’en plaindre.
Old Sock est un prétexte pour le musicien à retrouver quelques bons amis (et pas des moindres puisqu’il invite Doyle Braham II, Chaka Kan, Paul McCartney, JJ Cale et Steve Winwood entre autres) et à jouer les morceaux qui lui tiennent à cœur, ni plus, ni moins. Le titre comme la pochette de l’album ou le single « Gotta Get Over » mettent en avant cette décontraction qui rappelle ce qu’on avait pu voir au festival CrossRoad Guitar Festival de 2004 où sur la scène texane, entre autres moments d’anthologie, se trouvait un quatuor visiblement ravi de partager un moment de musique : B.B. King, Jimmie Vaughan, Buddy Guy et Eric Clapton. Old Sock sent bon les vacances, la bonne énergie et le soleil. Au fil des chansons, qui sont en grande majorité des reprises, aidé de ses invités et du groupe qui le suit depuis quelques années (Steve Gadd à la batterie, Willie Weeks à la basse, Chris Stainton aux claviers, et Mihelle John et Sarah White pour les chœurs), Clapton revisite les différents genres musicaux qu’on lui connaît.
Avec « Further On Down the Road » de Taj Mahal qui vient pour l’occasion rejoindre l’équipe, l’album s’ouvre sur un morceau tendance reggae comme il sait si bien faire (tout le monde se souvient de sa reprise de « I Shot the Sheriff » sur l’album 461 Ocean Boulevard que beaucoup considèrent comme aussi bonne voire meilleure que l’originale). On note surtout deux reprises qui retiennent particulièrement l’attention : « Till You r Well Runs Dry » de Pete Tosh et « Your One and Only Man » d’Otis Redding qui relèvent le niveau d’un album simplement « détente ». On note également quelques compos pop rock à tendance jazzy : « The Folks Who Live on the Hill », « All of Me » (jouée avec Paul McCartney), « Our Love Is Here to Stay », l’émouvant hommage à Gary Moore « Still Got the Blues » chanté par Steve Winwood, qui rappellent toutes le dernier album studio sorti en 2010 et sobrement baptisé Clapton.
Clapton s’est fait plaisir sur cet album sympathique, comme on peut le constater sur Angel qu’il joue avec son ami J.J. Cale. Certes, l’album n’a pas la carrure d’un 461 Ocean Boulevard ou d’un Slowhand. On passe cependant un très bon moment et si c’est une façon agréable pour lui de profiter de ces 67 ans on ne va pas s’en plaindre.
Old Sock tracklist
1. Further
On Down The Road
2. Angel 3. The Folks Who Live On The Hill 4. Gotta Get Over 5. Till Your Well Runs Dry 6. All Of Me 7. Born To Lose 8. Still Got The Blues 9. Goodnight Irene 10. Your One And Only Man 11. Every Little Thing 12. Our Love Is Here To Stay |
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The Raven That Refused To Sing (And Other Stories) - Steven Wilson
Sorti il y a à peine plus d'un
mois, The Raven That Refused To Sing,
le nouvel album de Steven Wilson est déjà considéré comme un véritable chef
d'œuvre. Après Grace For Drowning
paru en 2011, le génial leader de Porcupine Tree sévit pour la troisième fois
en solo et fait mouche. Toute la critique, y compris les très exigeants
amateurs de prog, salue la perfection d'un album qui mérite amplement
l'attention qu'on lui accorde.
Tout d'abord : la composition du groupe laisse présager le meilleur. C'est un petit monde de virtuoses qui gravitent autour de Steven Wilson et qui mettent leur talent au service de compositions ambitieuses et réussies. Saluons l'excellente performance de Nick Begs, bassiste de génie au look improbable, qui donne une énergie phénoménale à l'ensemble de l'album (la ligne de basse de "Luminol" ne peut que le confirmer). Viennent ensuite les non moins talentueux Guthrie Govan à la guitare et Marco Minnemann à la batterie qui structurent l'ensemble entre mélodies envolées et riffs puissants. Théo Travis grâce à ses cuivres (clarinette, saxo, flûte) et Adam Holzman , connu pour sa collaboration avec un certain Miles Davis , donnent une teinte "jazz" à l'album. Pour compléter une équipe déjà très charismatique, Steven Wilson a fait venir un ingé son pour le moins reconnu : Alan Parsons qui a notamment travaillé sur plusieurs titres des Beatles ou sur le mythique The Dark Side Of The Moon. Autant dire qu’avec une équipe pareille Steven Wilson avait le champ libre pour s’adonner à la composition et laisser ses camarades gérer leurs instruments. L’enregistrement studio s’est d’ailleurs fait en live ce qui permet aux musiciens une certaine liberté d’interprétation et une vraie émulsion.
The Raven nous fait plonger la tête la première, et pour notre plus grand plaisir, dans les sources du prog. C'est une véritable renaissance pour un genre qui peine à trouver sa place sur la scène musicale et qui voit en Steven Wilson un héritier digne de prendre la relève. Sophistiqué et élégant, l'album n'a plus rien à envier au jazz. Sa force vient du fait que cette sophistication se mêle à la puissance et l'énergie du rock et lui permet de prétendre au titre de descendant officiel des plus grands groupes de prog. L'idéal progressif au sens où on l'entendait dans les années 70 est atteint et The Raven peut largement rivaliser avec un King Crimson ou un Yes. Les trois pièces maîtresses de l'album, l'époustouflant "Luminol" aux accents de free jazz, le ténébreux "Holly Drinker" ou le provoquant "Watchmaker" (toutes dépassent les 10 minutes) sont autant de retours aux sources du genre. On y trouve du Genesis et du Rush mais également une touche de Jethro Tull dans les cuivres. Celui qui refusait l'étiquette prog il y a quelques années a donc crée une perle du genre.
The Raven est un album clair-obscur, un subtil aller-retour entre ombre et lumière. Chaque composition est une histoire à part entière qu'il faut découvrir et le tout se lit comme un recueil de nouvelles d’Edgar Poe. Le titre est évocateur et on pense immédiatement à ces vers du poète anglais :
Then this ebony bird beguiling my sad fancy into smiling,
By the grave and stern decorum of the countenance it wore,
`Though thy crest be shorn and shaven, thou,' I said, `art sure no craven.
Ghastly grim and ancient raven wandering from the nightly shore -
Tell me what thy lordly name is on the Night's Plutonian shore!'
Quoth the raven, `Nevermore
The Raven est un univers entier, à part, nourri des expériences musicales et artistiques de Steven Wilson. On sent parfois, dans la puissance des riffs, l’influence d’Opeth et de Mike Akerfeldt. Il y a incontestablement du Blackfield dans « Pin Drop». Quant à la chanson éponyme, sa mélancolie rappelle le projet Storm Corrosion. C’est d’ailleurs Jess Cope qui a réalisé à la fois le clip du « Raven »et de « Drag Ropes » de Storm Corrosion. L’artwork signé Hajo Mueller achève de faire de l’objet album un objet d’art où se mêlent une musique envoûtante, des récits étranges et fantastiques et un univers visuel qui habille le tout. Steven Wilson apporte de son monde et habite totalement son œuvre. En ça, il la porte au-delà d'une simple redite des groupes des années 1970.
Ombres et lumières, calme et puissance, douceur et amertume, l'album de Steven Wilson est fait de contrastes. Il a la beauté fascinante et douloureuse des vrais contes de fées, miroirs d'un monde terriblement amoché.
Tout d'abord : la composition du groupe laisse présager le meilleur. C'est un petit monde de virtuoses qui gravitent autour de Steven Wilson et qui mettent leur talent au service de compositions ambitieuses et réussies. Saluons l'excellente performance de Nick Begs, bassiste de génie au look improbable, qui donne une énergie phénoménale à l'ensemble de l'album (la ligne de basse de "Luminol" ne peut que le confirmer). Viennent ensuite les non moins talentueux Guthrie Govan à la guitare et Marco Minnemann à la batterie qui structurent l'ensemble entre mélodies envolées et riffs puissants. Théo Travis grâce à ses cuivres (clarinette, saxo, flûte) et Adam Holzman , connu pour sa collaboration avec un certain Miles Davis , donnent une teinte "jazz" à l'album. Pour compléter une équipe déjà très charismatique, Steven Wilson a fait venir un ingé son pour le moins reconnu : Alan Parsons qui a notamment travaillé sur plusieurs titres des Beatles ou sur le mythique The Dark Side Of The Moon. Autant dire qu’avec une équipe pareille Steven Wilson avait le champ libre pour s’adonner à la composition et laisser ses camarades gérer leurs instruments. L’enregistrement studio s’est d’ailleurs fait en live ce qui permet aux musiciens une certaine liberté d’interprétation et une vraie émulsion.
The Raven nous fait plonger la tête la première, et pour notre plus grand plaisir, dans les sources du prog. C'est une véritable renaissance pour un genre qui peine à trouver sa place sur la scène musicale et qui voit en Steven Wilson un héritier digne de prendre la relève. Sophistiqué et élégant, l'album n'a plus rien à envier au jazz. Sa force vient du fait que cette sophistication se mêle à la puissance et l'énergie du rock et lui permet de prétendre au titre de descendant officiel des plus grands groupes de prog. L'idéal progressif au sens où on l'entendait dans les années 70 est atteint et The Raven peut largement rivaliser avec un King Crimson ou un Yes. Les trois pièces maîtresses de l'album, l'époustouflant "Luminol" aux accents de free jazz, le ténébreux "Holly Drinker" ou le provoquant "Watchmaker" (toutes dépassent les 10 minutes) sont autant de retours aux sources du genre. On y trouve du Genesis et du Rush mais également une touche de Jethro Tull dans les cuivres. Celui qui refusait l'étiquette prog il y a quelques années a donc crée une perle du genre.
The Raven est un album clair-obscur, un subtil aller-retour entre ombre et lumière. Chaque composition est une histoire à part entière qu'il faut découvrir et le tout se lit comme un recueil de nouvelles d’Edgar Poe. Le titre est évocateur et on pense immédiatement à ces vers du poète anglais :
Then this ebony bird beguiling my sad fancy into smiling,
By the grave and stern decorum of the countenance it wore,
`Though thy crest be shorn and shaven, thou,' I said, `art sure no craven.
Ghastly grim and ancient raven wandering from the nightly shore -
Tell me what thy lordly name is on the Night's Plutonian shore!'
Quoth the raven, `Nevermore
The Raven est un univers entier, à part, nourri des expériences musicales et artistiques de Steven Wilson. On sent parfois, dans la puissance des riffs, l’influence d’Opeth et de Mike Akerfeldt. Il y a incontestablement du Blackfield dans « Pin Drop». Quant à la chanson éponyme, sa mélancolie rappelle le projet Storm Corrosion. C’est d’ailleurs Jess Cope qui a réalisé à la fois le clip du « Raven »et de « Drag Ropes » de Storm Corrosion. L’artwork signé Hajo Mueller achève de faire de l’objet album un objet d’art où se mêlent une musique envoûtante, des récits étranges et fantastiques et un univers visuel qui habille le tout. Steven Wilson apporte de son monde et habite totalement son œuvre. En ça, il la porte au-delà d'une simple redite des groupes des années 1970.
Ombres et lumières, calme et puissance, douceur et amertume, l'album de Steven Wilson est fait de contrastes. Il a la beauté fascinante et douloureuse des vrais contes de fées, miroirs d'un monde terriblement amoché.
The Raven That Refused To Sing (And Other Stories)
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Villagers {Awayland }
Petite pépite
électro-folk offerte par Villagers en
janvier dernier, l’album {Awayland}
n’a rien à envier à son très bon prédécesseur Becoming A Jackal (2010).
Après avoir été lauréat du prestigieux Ivor Novello Award (prix qui
récompense les paroliers et compositeurs anglo-saxons) avec la chanson éponyme
de son premier album, l’irlandais Conor O’Brien, résident principal de
Villagers, a donc sorti un nouvel album très attendu. Ses
talents de parolier ne sont plus à prouver et si Becoming a Jackal regorge
de textes magnifiques (« I Saw The
Dead » par exemple), {Awayland},
n’est pas en reste. Le leader de Villagers s’est entouré pour l’occasion de plusieurs
musiciens et a souhaité créer un univers particulier, positif et innocent. Il a
fait part lors de plusieurs interviews de sa volonté d’adopter le point de vue
d’un enfant qui porte un regard neuf sur le monde. Las du cynisme et de la
noirceur ambiante, Conor a voulu donner à ce nouvel opus une luminosité
particulière.
Qu’on ne s’y trompe pas, {Awayland} est un album simple mais pas simpliste. Si la composition des chansons mêle la plupart du temps folk des guitares sèches et électronica, le travail sur le son («Rhythm Composer », « Earthly Pleasure », « The Waves ») mais également les orchestrations sont pensés avec presque autant de minutie que les textes. C’est également un album multiple fait de balades mélancoliques (« My Lightouse », «In a Newfound Land You Are Free ») ou de chansons plus electro-pop (« Judgement Call », « Nothing Arrived », « Passing A Message ») ; on y trouve également une instrumentale : la chanson éponyme. Cette multiplicité des genres montre que Villagers fait preuve d’un renouvellement intéressant par rapport à son premier album et procure à l’auditeur des émotions variées.
D’apparence doux et tranquille, {Awayland} pourrait passer pour naïf sans le remarquable talent de Conor pour l’écriture, qui donne une profondeur d’abord insoupçonnée à ses compositions. En effet, « Nothing Arrived » est une chanson entraînante qu’on croit déjà connaître dès la première écoute. Cet air sympathique est contredit par le texte qui aborde le thème de l’ennui et de la morosité. De la même façon, l’album s’ouvre sur une ballade dans la droite lignée de Becoming A Jackal. « My lighthouse » est une chanson folk qui rappelle Ray LaMontagne et qui pourrait passer pour banale mais l’intensité maîtrisée tout au long de la chanson par la voix de Conor prend tout son sens si l’on se penche sur les paroles. D’emblée la composition est éclairée d’un jour nouveau et l’importance du texte apparaît comme fondamentale. Cette importance des paroles est un fil rouge qui traverse tout l’album et qui est nécessaire à sa réelle compréhension. Conor O’Brien a souhaité créer une œuvre entièrement tournée vers la pureté de l’innocence. Cependant, on ne peut nier le fait qu’à notre époque prendre le point de vue d’un enfant et de ses interrogations pour observer notre société peut se révéler parfaitement cynique. Certes, {Awayland} n’est ni un album sombre ni un album de révolte. On y trouve cependant, sous ses airs d’œuvre pop-folk sympathique, une certaine forme de provocation, de tristesse et de mélancolie.
Plus simple et abordable qu’un album de prog, mais plus complexe et structuré qu’un album de pop-folk, Villagers semble suivre son propre chemin, pour le plus grand plaisir d’un public déjà conquis.
Qu’on ne s’y trompe pas, {Awayland} est un album simple mais pas simpliste. Si la composition des chansons mêle la plupart du temps folk des guitares sèches et électronica, le travail sur le son («Rhythm Composer », « Earthly Pleasure », « The Waves ») mais également les orchestrations sont pensés avec presque autant de minutie que les textes. C’est également un album multiple fait de balades mélancoliques (« My Lightouse », «In a Newfound Land You Are Free ») ou de chansons plus electro-pop (« Judgement Call », « Nothing Arrived », « Passing A Message ») ; on y trouve également une instrumentale : la chanson éponyme. Cette multiplicité des genres montre que Villagers fait preuve d’un renouvellement intéressant par rapport à son premier album et procure à l’auditeur des émotions variées.
D’apparence doux et tranquille, {Awayland} pourrait passer pour naïf sans le remarquable talent de Conor pour l’écriture, qui donne une profondeur d’abord insoupçonnée à ses compositions. En effet, « Nothing Arrived » est une chanson entraînante qu’on croit déjà connaître dès la première écoute. Cet air sympathique est contredit par le texte qui aborde le thème de l’ennui et de la morosité. De la même façon, l’album s’ouvre sur une ballade dans la droite lignée de Becoming A Jackal. « My lighthouse » est une chanson folk qui rappelle Ray LaMontagne et qui pourrait passer pour banale mais l’intensité maîtrisée tout au long de la chanson par la voix de Conor prend tout son sens si l’on se penche sur les paroles. D’emblée la composition est éclairée d’un jour nouveau et l’importance du texte apparaît comme fondamentale. Cette importance des paroles est un fil rouge qui traverse tout l’album et qui est nécessaire à sa réelle compréhension. Conor O’Brien a souhaité créer une œuvre entièrement tournée vers la pureté de l’innocence. Cependant, on ne peut nier le fait qu’à notre époque prendre le point de vue d’un enfant et de ses interrogations pour observer notre société peut se révéler parfaitement cynique. Certes, {Awayland} n’est ni un album sombre ni un album de révolte. On y trouve cependant, sous ses airs d’œuvre pop-folk sympathique, une certaine forme de provocation, de tristesse et de mélancolie.
Plus simple et abordable qu’un album de prog, mais plus complexe et structuré qu’un album de pop-folk, Villagers semble suivre son propre chemin, pour le plus grand plaisir d’un public déjà conquis.
{Awayland } - Tracklist
1. My Lighthouse
2. Earthly Pleasure 3. The Waves 4. Judgement Call 5. Nothing Arrived 6. The Bell 7. {Awayland} 8. Passing a Message 9. Grateful Song 10. In a Newfound Land You Are Free 11. Rhythm Composer |
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Histoire d’un genre : le rock progressif
In the Court of the Crimson King
Artwork by Barry Godber
Steven
Wilson, leader de Porcupine Tree, vient de sortir un nouvel album solo et
entame en mars une tournée européenne. Storm Corrosion a été récemment nominé
aux Grammy dans la catégorie « Best Sourround Sound » (sans toutefois
obtenir le prix). C’est donc l’occasion de revenir sur l’histoire d’un genre salué
par une partie de la critique, mais assez méconnu du public : le rock
progressif. Le terme progressif est une traduction maladroite du mot anglais progressive et tous les
spécialistes du genre s’accordent pour dire qu’il conviendrait plutôt de parler
de rock « progressiste ». Boudé par une grande majorité des radios ou
des média en général, plusieurs groupes actuels témoignent de la survivance
d’un genre qui tire ses sources dans la fin des années 60.
Alors que le rock n’aspire qu’à être divertissant, la fin des années 60 voit émerger la tendance psychédélique, qui donne une dimension plus profonde à la musique rock. Les Beatles ouvrent une nouvelle voie avec Revolver en 1966 puis Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band l’année suivante. Leur travail studio (la plupart des chansons de Sergent Pepper’s ne peuvent pas être jouées sur scène) ainsi que la qualité de leur compositions et le concept de l’album témoignent d’un changement, qui se produit sur la scène anglaise et internationale et qui aboutira à la sortie en 1969 de In The Court Of The Crimson King de King Crimson, considéré comme le plus emblématique des groupes de rock progressif. C’est donc entre 1967 et 1969 qu’émerge un genre nouveau, qui veut donner ses lettres de noblesse au rock et lui offrir une sophistication comparable à la musique classique ou au jazz. Plusieurs branches se développent, parmi lesquelles on peut citer Procol Harum ou The Moody Blues qui lient rock et musique classique, Soft Machine et son évolution de plus en plus jazz, ou encore Jethro Tull, assez méconnu mais par ailleurs excellent groupe, qui s’inspire de la musique folk. Parmi les piliers du genre, il faut également citer Genesis, Yes ou encore Emerson Lake and Palmer. Si le rock voit émerger des musiciens extrêmement talentueux (Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck) qui tiennent la place de soliste, les groupes de rock progressifs sont quasiment tous composés de virtuoses de chaque instrument et préfèrent à d’excellents solos de guitares des longues parties instrumentales parfaitement maîtrisées et collectives. L’opposition à la Pop Music est fondamentale : le prog fait éclater les carcans couplet/refrain des chansons traditionnelles. Les compositions sont beaucoup plus longues (elles dépassent souvent les 10 minutes) et extrêmement travaillées sur le plan mélodique et rythmique. Cette minutie, cet intellectualisme de la musique sera rapidement qualifié de prétention, voire d’élitisme (ce qu’on lui reproche encore aujourd’hui) et condamnera le genre à l’absence de reconnaissance populaire.
Le rock progressif qui a été prolifique pendant presque une décennie ne résiste pas à l’arrivée des années 80. De nombreuses formations se séparent, notamment King Crimson et Emerson Lake and Palmer. L’individualisme galopant, caractéristique de cette période, ne peut se satisfaire d’une musique qui semble bien loin des préoccupations du public. Trop intellectuel, trop sophistiqué, le prog ne résiste pas face à la création du mouvement Punk, largement mis en avant par les maisons de disques. Il ne se vend plus, ou très peu et si la traversée du désert qu’il connait pendant presque dix ans est mise sur le compte d’un épuisement créatif, on peut également y voir une fracture fondamentale entre la musique produite par le rock progressif et les nouveaux dogmes des producteurs et du marketing. Certain groupes résistent (Genesis par exemple) en adaptant leur style.
Alors que le rock n’aspire qu’à être divertissant, la fin des années 60 voit émerger la tendance psychédélique, qui donne une dimension plus profonde à la musique rock. Les Beatles ouvrent une nouvelle voie avec Revolver en 1966 puis Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band l’année suivante. Leur travail studio (la plupart des chansons de Sergent Pepper’s ne peuvent pas être jouées sur scène) ainsi que la qualité de leur compositions et le concept de l’album témoignent d’un changement, qui se produit sur la scène anglaise et internationale et qui aboutira à la sortie en 1969 de In The Court Of The Crimson King de King Crimson, considéré comme le plus emblématique des groupes de rock progressif. C’est donc entre 1967 et 1969 qu’émerge un genre nouveau, qui veut donner ses lettres de noblesse au rock et lui offrir une sophistication comparable à la musique classique ou au jazz. Plusieurs branches se développent, parmi lesquelles on peut citer Procol Harum ou The Moody Blues qui lient rock et musique classique, Soft Machine et son évolution de plus en plus jazz, ou encore Jethro Tull, assez méconnu mais par ailleurs excellent groupe, qui s’inspire de la musique folk. Parmi les piliers du genre, il faut également citer Genesis, Yes ou encore Emerson Lake and Palmer. Si le rock voit émerger des musiciens extrêmement talentueux (Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck) qui tiennent la place de soliste, les groupes de rock progressifs sont quasiment tous composés de virtuoses de chaque instrument et préfèrent à d’excellents solos de guitares des longues parties instrumentales parfaitement maîtrisées et collectives. L’opposition à la Pop Music est fondamentale : le prog fait éclater les carcans couplet/refrain des chansons traditionnelles. Les compositions sont beaucoup plus longues (elles dépassent souvent les 10 minutes) et extrêmement travaillées sur le plan mélodique et rythmique. Cette minutie, cet intellectualisme de la musique sera rapidement qualifié de prétention, voire d’élitisme (ce qu’on lui reproche encore aujourd’hui) et condamnera le genre à l’absence de reconnaissance populaire.
Le rock progressif qui a été prolifique pendant presque une décennie ne résiste pas à l’arrivée des années 80. De nombreuses formations se séparent, notamment King Crimson et Emerson Lake and Palmer. L’individualisme galopant, caractéristique de cette période, ne peut se satisfaire d’une musique qui semble bien loin des préoccupations du public. Trop intellectuel, trop sophistiqué, le prog ne résiste pas face à la création du mouvement Punk, largement mis en avant par les maisons de disques. Il ne se vend plus, ou très peu et si la traversée du désert qu’il connait pendant presque dix ans est mise sur le compte d’un épuisement créatif, on peut également y voir une fracture fondamentale entre la musique produite par le rock progressif et les nouveaux dogmes des producteurs et du marketing. Certain groupes résistent (Genesis par exemple) en adaptant leur style.
(c) The Mars Volta
Depuis quelques années, plusieurs formations s’inspirent de leurs aînés et opèrent un véritable retour aux sources. L’Angleterre boude toujours le genre, mais le reste de l’Europe et les Etats-Unis sont un peu moins fermés aux sonorités progressives. Plusieurs formation de rock prog (Porcupine Tree, Marillion, The Mars Volta) ou de métal prog (Queensrÿche, Dream Theater, ou Adagio en France) ont donc pris la relève et créent des albums conceptuels à la complexité et la sophistication musicale qui rappellent les fondements du genre. Certes le prog n’est pas réellement médiatisé, mais on voit se développer des labels indépendants spécialisés (Inside Out par exemple), des webzines et des critiques se penchent sur cette musique de qualité, qui parvient finalement à trouver son public et qui doit être considérée comme une forme importante de contre-culture.
Pour aller plus loin :
Delâge Frédéric, Chroniques du rock progressif : 1967-1979, Périgueux : La Lauze, 2002
Leroy Aymeric, Rock progressif, Marseille : le Mot et le reste, 2010
Pirenne Christophe, Le rock progressif anglais (1967-1977), Paris : HChampion, 2005
Pour aller plus loin :
Delâge Frédéric, Chroniques du rock progressif : 1967-1979, Périgueux : La Lauze, 2002
Leroy Aymeric, Rock progressif, Marseille : le Mot et le reste, 2010
Pirenne Christophe, Le rock progressif anglais (1967-1977), Paris : HChampion, 2005
With us until you’re dead - Archive
With Us Until You’re Dead sorti en août
2012 fait revenir Archive, qui n’avait pas fait d’album studio depuis 2009 et
les deux Controlling Crowds, sur le
devant de la scène. Fustigé par une partie de la critique (accusé parfois de
manichéisme, ou de mollesse) ou au contraire porté aux nues comme une nouvelle
preuve de génie, une chose est sûre à propos du dernier né du collectif anglais :
il a fait parler de lui. Comme à chaque nouvelle création, Archive surprend. Les
choix et les cheminements pris par Darius Keeler et Danny Griffiths, les deux
leaders, décontenancent et résistent à toute tentative de classement. Qu’on
parle d’électro, de trip hop ou de rock prog, Archive est partout à sa place et
nulle part clairement défini. La voix soul de la dernière arrivée dans le
collectif, Holly Martin, qui vient compléter le panel des chanteurs et trouve
sa place aux côtés de Maria Q, Pollard Berrier et Dave Pen, n’est pas pour
aider les monomaniaques de la classification. Archive, qui ne répond à aucun
genre, continue son exploration artistique inlassablement et, d’après leur
dernier album, avec un entêtement qui paye.
Car With Us Until You’re Dead est un album concept qui explore le thème de l’amour. Darius Keeler et Danny Griffiths se sont évertués à le dire pendant la tournée promotionnelle. Après nous avoir offert des compos comme " Fuck You" (Noise, 2004) à la violence débridée, s’adonner aussi librement et aussi pleinement à l’amour avait de quoi laisser sceptique. Cependant, l’album est une véritable réussite. Il dépeint différents états liés au sentiment amoureux, comme autant de tableaux d’une intensité surprenante. Si les titres des chansons laissent penser à une alternance manichéenne entre sentiment positif et sentiment négatif, calme et tempête ("Stick Me In My Heart" suivie de "Conflict" ou encore "Violently" suivie de "Calm Now") la simplicité n’est pourtant qu’apparente. Archive plonge son auditeur dans des compositions incroyablement justes, mêlant amertume, désir, amour, aliénation, dans un étourdissant manège dont on ne sort pas indemne.
On retrouve dans cet album la maîtrise rigoureuse du son, marque de fabrique des deux leaders du collectif qui collaborent pour la première fois avec un orchestre, le Supersonic Belgian Orchestra. Les compos s’enchaînement parfaitement, d’un état à l’autre, sans transition, sans laisser le temps de reprendre ses esprits. La construction a été minutieusement pensée, à tous les niveaux : musical, textuel et structural. Chaque chanson est à sa place, l’ensemble fonctionne. On y trouve symétrie et contradiction : "Silent" et "Twisting" par exemple, où le baume de la voix de Maria Q portée par les violons s’oppose à la voix saturée de Pollard Berrier habillée par les percussions. Ou encore l’enchaînement brutal entre la profonde mélancolie de "Thing Going Down", chanson la plus courte de l’album, et la violence froide de "Hatchet", qui évoquent pourtant toutes deux le même thème (l’aliénation et le renoncement de soi-même face à l’autre). On y trouve également des moments d’une grande intensité musicale et vocale : le cri bestial de "Conflict", l’angoisse portée par Pollard Berrier et son « It’s so dark ! », les sons déshumanisés et inquiétants qui l’accompagnent sur "Wiped Out ". Les différents styles chers à Archive s’y côtoient : l’instrumentale "Calm Now", en milieu d’album, précédée de la très électro et très énergique "Violently", le son trip hop de "Confilct".
La solide maîtrise de Darius Keeler et de Danny Griffiths transporte un auditeur devenu presque passif, d’émoi en émoi, et l’abandonne complètement sonné à la fin de "Rise". « You’re out of your mind » déclame Dave Pen dans "Damage", autant pour la chanson que pour l’auditeur. Car l’album possède plusieurs niveaux de lecture, et c’est là la clef du concept. Les paroles abordent autant le thème de l’amour que la conception de l’album en lui-même. Dès le commencement, dans "Wiped Out", Pollard Berrier chante « I wrote a note / a lying note » et "Rise" qui clôture l’ensemble commence par ces mots « Everything will made / An ocean gone » et se termine ainsi : « We’ll start again », invitant peut-être à une réécoute, et With Us Until You’re Dead le mérite.
Car With Us Until You’re Dead est un album concept qui explore le thème de l’amour. Darius Keeler et Danny Griffiths se sont évertués à le dire pendant la tournée promotionnelle. Après nous avoir offert des compos comme " Fuck You" (Noise, 2004) à la violence débridée, s’adonner aussi librement et aussi pleinement à l’amour avait de quoi laisser sceptique. Cependant, l’album est une véritable réussite. Il dépeint différents états liés au sentiment amoureux, comme autant de tableaux d’une intensité surprenante. Si les titres des chansons laissent penser à une alternance manichéenne entre sentiment positif et sentiment négatif, calme et tempête ("Stick Me In My Heart" suivie de "Conflict" ou encore "Violently" suivie de "Calm Now") la simplicité n’est pourtant qu’apparente. Archive plonge son auditeur dans des compositions incroyablement justes, mêlant amertume, désir, amour, aliénation, dans un étourdissant manège dont on ne sort pas indemne.
On retrouve dans cet album la maîtrise rigoureuse du son, marque de fabrique des deux leaders du collectif qui collaborent pour la première fois avec un orchestre, le Supersonic Belgian Orchestra. Les compos s’enchaînement parfaitement, d’un état à l’autre, sans transition, sans laisser le temps de reprendre ses esprits. La construction a été minutieusement pensée, à tous les niveaux : musical, textuel et structural. Chaque chanson est à sa place, l’ensemble fonctionne. On y trouve symétrie et contradiction : "Silent" et "Twisting" par exemple, où le baume de la voix de Maria Q portée par les violons s’oppose à la voix saturée de Pollard Berrier habillée par les percussions. Ou encore l’enchaînement brutal entre la profonde mélancolie de "Thing Going Down", chanson la plus courte de l’album, et la violence froide de "Hatchet", qui évoquent pourtant toutes deux le même thème (l’aliénation et le renoncement de soi-même face à l’autre). On y trouve également des moments d’une grande intensité musicale et vocale : le cri bestial de "Conflict", l’angoisse portée par Pollard Berrier et son « It’s so dark ! », les sons déshumanisés et inquiétants qui l’accompagnent sur "Wiped Out ". Les différents styles chers à Archive s’y côtoient : l’instrumentale "Calm Now", en milieu d’album, précédée de la très électro et très énergique "Violently", le son trip hop de "Confilct".
La solide maîtrise de Darius Keeler et de Danny Griffiths transporte un auditeur devenu presque passif, d’émoi en émoi, et l’abandonne complètement sonné à la fin de "Rise". « You’re out of your mind » déclame Dave Pen dans "Damage", autant pour la chanson que pour l’auditeur. Car l’album possède plusieurs niveaux de lecture, et c’est là la clef du concept. Les paroles abordent autant le thème de l’amour que la conception de l’album en lui-même. Dès le commencement, dans "Wiped Out", Pollard Berrier chante « I wrote a note / a lying note » et "Rise" qui clôture l’ensemble commence par ces mots « Everything will made / An ocean gone » et se termine ainsi : « We’ll start again », invitant peut-être à une réécoute, et With Us Until You’re Dead le mérite.
With us until you’re dead1. Wiped Out
2. Interlace 3. Stick Me In My Heart 4. Conflict 5. Violently 6. Calm Now 7. Silent 8. Twisting 9. Things Going Down 10. Hatchet 11. Damage 12. Rise 13. Aggravated Twisted Fill (Bonus) 14. Soul Tired (Bonus) |
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