Un billet de Jules Le Franc
Syngué Sabour d’Atiq Rahimi, Pierre précieuse
Syngué Sabour, Pierre de patience est un film d’une sincérité rare comme on a peu l’occasion
d’en voir. Il y a quelques temps, sortait Wadja, un autre petit bijou qui
dénonçait avec pertinence et légèreté la condition et l’absence de liberté des
femmes dans l’Arabie saoudite au travers d’une magnifique jeune rebelle qui
crevait l’écran. Celui-ci, est une sorte de version plus adulte du propos, plus
grave aussi mais d’un bel optimisme et d’une tendresse sublime et déchirante
dans cette situation-limite.
Un corps gisant, paralysé, les yeux
ouverts : le mari de celle qui ne sera nommée autrement que « la femme ». Une
femme d’une beauté incroyable malgré la peur omniprésente qui se lit dans ses
yeux. Nous sommes en effet en temps de conflit guerrier, mais son mari a
pourtant été blessé au cours d’une rixe futile par un homme de son propre camp.
Elle n’a plus d’argent pour acheter le sérum nécessaire à la survie de son
époux et s’arrange avec ce qui est disponible : c’est-à-dire quasiment rien. En
même temps, elle doit veiller sur ses deux filles.
La menace est partout, les bombardements nous le rappellent dans une tension constante et la situation est d’autant plus complexe le mari dans le coma ne peut être déplacé à cause de la balle qu’il a dans la nuque. Les militaires sèment la terreur et la surprennent dans la maison de son mari qu’elle fait passer pour déserte. De la même manière que pour échapper à un viol, elle se fera passer pour prostituée. Seul un jeune soldat bègue et maltraité par son supérieur tombera sous son charme. Tous deux redécouvrent un peu de tendresse dans ce monde dévasté. Pourtant, une relation intime se noue telle qu’elle n’a jamais eu l’occasion d’en avoir avec son mari conscient. Elle lui parle, même si c’est un dialogue à sens unique, elle lui raconte tout ce qu’elle n’a pu lui dire lorsqu’il n’était pas condamné à l’écouter. Il devient dès lors « sa pierre de patience ».
Au fil des paroles (et des actes), on la voit osciller entre culpabilité et soulagement, chercher fébrilement le coran après une séance de confession trop intense ou au contraire s’en féliciter. Prise entre deux sentiments contradictoire et normale au vu de sa condition : entre soumission et désir d’émancipation et de jouissance.
Des confessions extrêmes auront pour effet de réveiller subitement son mari de son état de passivité comme si sa femme en avait trop dit donnant lieu à une dernière étreinte fatale pour l’un d’entre eux ou peut-être les deux, en tout cas ; une dernière larme avant l’explosion de la pierre de patience qui contient trop de secrets dévoilés.
« Je suis devenue prophète » dit-elle dans un souffle avant de croiser le regard de son nouvel amant.
Sans jamais tomber dans le misérabilisme, Syngué Sabour nous donne à voir des situations et des personnages mêlant beauté et réalisme dans une présence et un temps de narration des plus intenses. Une pierre précieuse, pas moins.
La menace est partout, les bombardements nous le rappellent dans une tension constante et la situation est d’autant plus complexe le mari dans le coma ne peut être déplacé à cause de la balle qu’il a dans la nuque. Les militaires sèment la terreur et la surprennent dans la maison de son mari qu’elle fait passer pour déserte. De la même manière que pour échapper à un viol, elle se fera passer pour prostituée. Seul un jeune soldat bègue et maltraité par son supérieur tombera sous son charme. Tous deux redécouvrent un peu de tendresse dans ce monde dévasté. Pourtant, une relation intime se noue telle qu’elle n’a jamais eu l’occasion d’en avoir avec son mari conscient. Elle lui parle, même si c’est un dialogue à sens unique, elle lui raconte tout ce qu’elle n’a pu lui dire lorsqu’il n’était pas condamné à l’écouter. Il devient dès lors « sa pierre de patience ».
Au fil des paroles (et des actes), on la voit osciller entre culpabilité et soulagement, chercher fébrilement le coran après une séance de confession trop intense ou au contraire s’en féliciter. Prise entre deux sentiments contradictoire et normale au vu de sa condition : entre soumission et désir d’émancipation et de jouissance.
Des confessions extrêmes auront pour effet de réveiller subitement son mari de son état de passivité comme si sa femme en avait trop dit donnant lieu à une dernière étreinte fatale pour l’un d’entre eux ou peut-être les deux, en tout cas ; une dernière larme avant l’explosion de la pierre de patience qui contient trop de secrets dévoilés.
« Je suis devenue prophète » dit-elle dans un souffle avant de croiser le regard de son nouvel amant.
Sans jamais tomber dans le misérabilisme, Syngué Sabour nous donne à voir des situations et des personnages mêlant beauté et réalisme dans une présence et un temps de narration des plus intenses. Une pierre précieuse, pas moins.
Fiche technique
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Synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate ! (AlloCiné)
SUZANNE UNCHAINED
L'œuvre
de Denis Diderot a enfin une adaptation digne de ce nom grâce au cinéaste
Guillaume Nicloux, presque 50 ans après une première version du cinéaste
Jacques Rivette.
La religieuse est une œuvre déchirante née d'une conjonction paradoxale entre mysticisme, attendrissement et révolte. Les sentiments entremêlées sont ici parfaitement retransmis au travers de la mise en scène avec une jeune comédienne qui crève l'écran et émeut aux larmes avec un message intemporel : le courage ne pas renier ses convictions et sa foi même sous la torture.
Une héroïne à la foi authentique et inflexible.
Ironie du sort ou coup de dé du hasard : Guillaume Nicloux est né précisément l’année où sortait l’adaptation de La religieuse Jacques Rivette, en 1966. On m’avait dit que cette dernière était meilleure que cette nouvelle version, mon expérience l’a démenti (à signaler que je suis un grand admirateur du texte original que je trouve beau, douloureux et transperçant). Cette version rend grâce à la souffrance et à une foi aussi belle que révoltée et sincère qui se dégage de ce texte, tout cela est ici bien mieux communiqué que dans la version antérieure, souvent trop légère et timorée bien qu’également très fidèle d’un point de vue textuelle. Toutefois, la religieuse de Rivette, Anna Karina, garde toujours ses atours et ne semble jamais réellement en proie à une souffrance inhumaine infligée, autant vous prévenir : ici, ce n’est pas le cas.
La religieuse est une œuvre déchirante née d'une conjonction paradoxale entre mysticisme, attendrissement et révolte. Les sentiments entremêlées sont ici parfaitement retransmis au travers de la mise en scène avec une jeune comédienne qui crève l'écran et émeut aux larmes avec un message intemporel : le courage ne pas renier ses convictions et sa foi même sous la torture.
Une héroïne à la foi authentique et inflexible.
Ironie du sort ou coup de dé du hasard : Guillaume Nicloux est né précisément l’année où sortait l’adaptation de La religieuse Jacques Rivette, en 1966. On m’avait dit que cette dernière était meilleure que cette nouvelle version, mon expérience l’a démenti (à signaler que je suis un grand admirateur du texte original que je trouve beau, douloureux et transperçant). Cette version rend grâce à la souffrance et à une foi aussi belle que révoltée et sincère qui se dégage de ce texte, tout cela est ici bien mieux communiqué que dans la version antérieure, souvent trop légère et timorée bien qu’également très fidèle d’un point de vue textuelle. Toutefois, la religieuse de Rivette, Anna Karina, garde toujours ses atours et ne semble jamais réellement en proie à une souffrance inhumaine infligée, autant vous prévenir : ici, ce n’est pas le cas.
La religieuse
c’est avant tout l’histoire (raconté par elle-même à travers la plume de
Diderot) de la pureté mise à mal et d’une liberté et dignité bafouée par une
communauté censé représenter elle-même cette pureté et l’amour du prochain.
Celle-ci n’aura de cesse d’ôter sa dignité à Suzanne, révélant un visage
inhumain. La seule croyante fervente s’avère pourtant être Suzanne car si elle renie
l’habit et les fonctions de religieuses, elle n’a de cesse de déclarer son
amour à Dieu en s’interdisant le mensonge et faisant confiance à ce que son cœur
et sa foi lui dicte. Et c’est cette force de caractère et cette singularité
héroïque qui provoque son calvaire, dans un univers où l’on préfère une
docilité hypocrite à un amour sincère pour Dieu. De
cette absence d’éthique, découle le récit détaillé d’une longue descente aux
enfers dont on ne sort pas indemne et qui hante longtemps. Et qui mieux que
Pauline Etienne, douceur incarnée ; peau blanche, grands yeux bleus, fragilité
à fleur de peau, pouvait incarner cette pureté.
Casting de grâce entre Louise Bourgoin (ici surprenante en sœur cruelle, presque terrifiante dont la perfidie est trop mal caché derrière son voile et ses sourires), Agathe Bonitzer (on se rappelle sa performance dans le magnifique A moi seule sorti il y a un an, qui racontait également une touchante une libération après un long enfer ; troublant écho), Isabelle Huppert et enfin une Françoise Lebrun incarnant la très poignante mère supérieure, Madame de Boni, bienveillante et protectrice pour Suzanne –hélas– rappelée à Dieu trop vite, laissant cette dernière en proie aux pires atrocités.
Il faut mettre un bémol : le film n’est pas parfait. La dernière partie avec Isabelle Huppert dans le rôle de la mère abusive, après le transfert de Marie-Suzanne, souffre de quelques longueurs qui auraient pu être évitées. Et c’est d’ailleurs en contraste avec le récit de la première heure où tout s’enchaîne plutôt bien et rapidement. Mais on pardonne volontiers ces longueurs par une photographie impeccable, une mise en scène soignée et le sens du détail apparent de Nicloux pour les costumes et les décors, ce du début à la fin, ainsi qu’une grande sensibilité manifeste à l’œuvre originale. La seule prise de liberté est une fin teintée d’optimisme qui ne transparaissait pas dans le roman où il ne restait de Suzanne que les mémoires. Cependant le texte est identique à l’original mot pour mot.
Au final, on a un film très complet tant il aborde avec subtilité les thématiques existentielles et morales présentes dans l’œuvre de Diderot : liberté, foi, danger des excès de la religion ainsi qu’une forme d’héroïsme magnifique ; la capacité pour les êtres blessés à mort de renverser leur situation par leur seul volonté, et qui retranscrit à la perfection « une œuvre née d’une conjonction paradoxale entre la mystification, l’attendrissement et la colère ». Ici portée aux nues par une jeune actrice qui dégage incontestablement vulnérabilité poignante et véritablement tragique comparé une Anna Karina bien trop “grande dame du monde” pour le rôle chez Rivette. Ici on nous donne à voir une Marie-Suzanne Simonin authentique à l’écran dont on peut palper la foi et la douleur à chaque plan.
Une figure du courage et de la vertu profondément émouvante. Splendide et édifiant.
Casting de grâce entre Louise Bourgoin (ici surprenante en sœur cruelle, presque terrifiante dont la perfidie est trop mal caché derrière son voile et ses sourires), Agathe Bonitzer (on se rappelle sa performance dans le magnifique A moi seule sorti il y a un an, qui racontait également une touchante une libération après un long enfer ; troublant écho), Isabelle Huppert et enfin une Françoise Lebrun incarnant la très poignante mère supérieure, Madame de Boni, bienveillante et protectrice pour Suzanne –hélas– rappelée à Dieu trop vite, laissant cette dernière en proie aux pires atrocités.
Il faut mettre un bémol : le film n’est pas parfait. La dernière partie avec Isabelle Huppert dans le rôle de la mère abusive, après le transfert de Marie-Suzanne, souffre de quelques longueurs qui auraient pu être évitées. Et c’est d’ailleurs en contraste avec le récit de la première heure où tout s’enchaîne plutôt bien et rapidement. Mais on pardonne volontiers ces longueurs par une photographie impeccable, une mise en scène soignée et le sens du détail apparent de Nicloux pour les costumes et les décors, ce du début à la fin, ainsi qu’une grande sensibilité manifeste à l’œuvre originale. La seule prise de liberté est une fin teintée d’optimisme qui ne transparaissait pas dans le roman où il ne restait de Suzanne que les mémoires. Cependant le texte est identique à l’original mot pour mot.
Au final, on a un film très complet tant il aborde avec subtilité les thématiques existentielles et morales présentes dans l’œuvre de Diderot : liberté, foi, danger des excès de la religion ainsi qu’une forme d’héroïsme magnifique ; la capacité pour les êtres blessés à mort de renverser leur situation par leur seul volonté, et qui retranscrit à la perfection « une œuvre née d’une conjonction paradoxale entre la mystification, l’attendrissement et la colère ». Ici portée aux nues par une jeune actrice qui dégage incontestablement vulnérabilité poignante et véritablement tragique comparé une Anna Karina bien trop “grande dame du monde” pour le rôle chez Rivette. Ici on nous donne à voir une Marie-Suzanne Simonin authentique à l’écran dont on peut palper la foi et la douleur à chaque plan.
Une figure du courage et de la vertu profondément émouvante. Splendide et édifiant.
Fiche technique
Synopsis : XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté. (AlloCiné) |
Zero Dark Thirty, un film de Kathryn Bigelow
Une longue et
patiente traque à partir de l’attentat du 11 septembre 2011, voici ce que nous
propose Kathryn Bigelow comme programme. Pendant 2h30 on suit une piste aux
côté de Jessica Chastain, la piste de sa vie. Celle-ci qui n’a plus grand-chose
à nous prouver depuis The Tree of life
(Terrence Malik) et Take Shelter (Jeff Nichols) explose de grâce, de charisme
et de talent ; elle tient ce film risqué et complexe à elle seule de façon
magistrale.
La forme adoptée est assez classique pour le genre thriller ou policier ; on remonte le temps au travers d’un certain nombre d’évènements pour finir par le grand raid qui est censé être l’attracteur vers quoi tout converge. Le choix du film (qu’on ne peut que juger pertinent) est de ne pas en faire trop dans les effets de « grand spectacle » que l’on pouvait redouter) ce qui aurait pu aisément faire tomber cet audacieux scénario dans une forme d’indécence. Mais ici loin s’en faut et c’est tout en finesse que la réalisatrice tient son difficile pari cinématographique avec brio et réalise un film d’un genre exceptionnel.
On excusera ainsi les quelques longueurs des scènes de planification par la qualité du jeu d’acteur et des dialogues et aussi parce qu’elles sont difficilement évitables. Ici on reconstitue ni plus ni moins que le raid pour la capture d’Oussama Ben Laden. The raid. Ce n’est quand même pas rien. Ici, il n’y a pas non plus de soif de vengeance cruelle qui hantent trop de productions américaines et relèguent ainsi les victimes au rang d’accessoire pour rendre possible cette vendetta acharnée. Or, ce à quoi nous avons à faire, c’est bien le destin d’une femme qui ne peut concevoir sa vie autrement que comme principale investigatrice cette chasse à l’homme en a volé des milliers. En effet pour que la sienne prenne un sens, il lui faut coûte que coûte marcher sur les traces de cet individu terrible.
La forme adoptée est assez classique pour le genre thriller ou policier ; on remonte le temps au travers d’un certain nombre d’évènements pour finir par le grand raid qui est censé être l’attracteur vers quoi tout converge. Le choix du film (qu’on ne peut que juger pertinent) est de ne pas en faire trop dans les effets de « grand spectacle » que l’on pouvait redouter) ce qui aurait pu aisément faire tomber cet audacieux scénario dans une forme d’indécence. Mais ici loin s’en faut et c’est tout en finesse que la réalisatrice tient son difficile pari cinématographique avec brio et réalise un film d’un genre exceptionnel.
On excusera ainsi les quelques longueurs des scènes de planification par la qualité du jeu d’acteur et des dialogues et aussi parce qu’elles sont difficilement évitables. Ici on reconstitue ni plus ni moins que le raid pour la capture d’Oussama Ben Laden. The raid. Ce n’est quand même pas rien. Ici, il n’y a pas non plus de soif de vengeance cruelle qui hantent trop de productions américaines et relèguent ainsi les victimes au rang d’accessoire pour rendre possible cette vendetta acharnée. Or, ce à quoi nous avons à faire, c’est bien le destin d’une femme qui ne peut concevoir sa vie autrement que comme principale investigatrice cette chasse à l’homme en a volé des milliers. En effet pour que la sienne prenne un sens, il lui faut coûte que coûte marcher sur les traces de cet individu terrible.
Impossible de ne
pas être impressionné par la justesse et la subtilité de l’interprétation de
Jessica Chastain pour un rôle avec un psychisme complexe mais qui doit rester
décryptable pour le spectateur.
Le rythme fonctionne parfaitement et rappelle presque Inception de Christopher Nolan par son utilisation du temps : les trois dernier quart d’heure sont consacrés au Raid, le début du film donne le ton de la traque tandis qu’une bonne heure et quart est consacrée à la préparation du raid ponctuée de quelques dangers mortels. Pourtant, vous l’aurez compris à ce stade : Zero Dark Thirty n’a rien d’un Blockbuster aguicheur. C’est un film fort et étrange, entre le docufiction reconstituant un fait historique et le portrait intimiste. Une femme en traqueuse aux manœuvres du raid rajoute quelque chose à cette histoire, c’est certain. Peut-être une réflexion contemporaine sur la place de la femme dans les hautes fonctions gouvernementales, en tout cas nul ne pourrait remettre en question la place de cette femme-là qui est à la seule place où elle doit être à tel point qu’elle n’a besoin de se justifier devant personne. Juste atteindre son but. Traquant la piste sans relâche ; « seule contre tous » comme cela est réitéré à plusieurs reprises dans le film.
Epilogue
« Vous devez être sacrément importante » lui dit le pilote lorsqu’elle monte seule à bord de son jet privé. Elle pleure. A ce moment-là, on ressent du soulagement, la tension d’une traque sans relâche qui s’évapore, mais aussi une réelle tristesse. Celle du but atteint dont on sait que celui-ci ne la comblera justement jamais. Mission réussie et cible atteinte mais rédemption échouée ; car que le terroriste mort ou vif, le monde s’est abîmé. La mort du responsable n’efface rien et ce qui suit sera toujours à reconstruire et forcément dans la douleur qui est le lot que sème tout acte de terrorisme.
Le rythme fonctionne parfaitement et rappelle presque Inception de Christopher Nolan par son utilisation du temps : les trois dernier quart d’heure sont consacrés au Raid, le début du film donne le ton de la traque tandis qu’une bonne heure et quart est consacrée à la préparation du raid ponctuée de quelques dangers mortels. Pourtant, vous l’aurez compris à ce stade : Zero Dark Thirty n’a rien d’un Blockbuster aguicheur. C’est un film fort et étrange, entre le docufiction reconstituant un fait historique et le portrait intimiste. Une femme en traqueuse aux manœuvres du raid rajoute quelque chose à cette histoire, c’est certain. Peut-être une réflexion contemporaine sur la place de la femme dans les hautes fonctions gouvernementales, en tout cas nul ne pourrait remettre en question la place de cette femme-là qui est à la seule place où elle doit être à tel point qu’elle n’a besoin de se justifier devant personne. Juste atteindre son but. Traquant la piste sans relâche ; « seule contre tous » comme cela est réitéré à plusieurs reprises dans le film.
Epilogue
« Vous devez être sacrément importante » lui dit le pilote lorsqu’elle monte seule à bord de son jet privé. Elle pleure. A ce moment-là, on ressent du soulagement, la tension d’une traque sans relâche qui s’évapore, mais aussi une réelle tristesse. Celle du but atteint dont on sait que celui-ci ne la comblera justement jamais. Mission réussie et cible atteinte mais rédemption échouée ; car que le terroriste mort ou vif, le monde s’est abîmé. La mort du responsable n’efface rien et ce qui suit sera toujours à reconstruire et forcément dans la douleur qui est le lot que sème tout acte de terrorisme.
Fiche technique
Synopsis : Le récit de la traque d'Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines... (AlloCiné) |
Tarantino déchaîné
« Tarantino, mon
amour» ais-je envie de dire en pastichant Duras, parce qu’il faut bien lui
rendre la déclaration d’amour qu’il fait lui-même au cinéma et à son histoire.
Généralement, on dit « Je t’aime » quand on vibre, quand ça fait du bien par où ça passe, qu’on entrevoit une possible libération de sa propre existence. Oui qu’on se le dise Tarantino aime ses spectateurs, il leur envoie autant d’appels de libération qu’il leur procure de jouissances cinématographiques.
Dans Kill Bill, une femme faisait la nique à son destin volé en reprenant le contrôle à coups de sabres, dans Inglorious Basterds, une bande de résistant décidait de casser du nazi.
Enfin dans son nouveau film : Django Unchained, un esclave noir se voit promu chasseur de prime, oui Quentin Tarantino est le maître de l’inversion, de l’inversement des valeurs (clin d’œil à Nietzsche, même si les allemands n’ont pas toujours eu le beau rôle dans les films de Tarantino).Ici c’est donc un chasseur de prime allemand qui libère Django de ses chaînes et l’entraîne avec lui dans une chasse particulièrement corsée. Django s’avère un chasseur de prime hors pair, particulièrement efficace dans l’art du coup de fouet (plaisir de l’inversion des jeux de rôles quand tu nous tiens).
Nous avons à faire à un film explosif comme il sait les faire et plein de brutalité finaude, paradoxe qu’il maîtrise également fort bien. Le tout est porté par une bande originale des plus jouissives et empli de clins d’œil cinématographiques et historiques, envoyant des scènes satiriques et d’un humour délicieux (la scène du Klu Klux Klan en est un parfait exemple) ponctuées comme à son habitude de variations narratives et de dialogues aussi efficaces que soignés.
Généralement, on dit « Je t’aime » quand on vibre, quand ça fait du bien par où ça passe, qu’on entrevoit une possible libération de sa propre existence. Oui qu’on se le dise Tarantino aime ses spectateurs, il leur envoie autant d’appels de libération qu’il leur procure de jouissances cinématographiques.
Dans Kill Bill, une femme faisait la nique à son destin volé en reprenant le contrôle à coups de sabres, dans Inglorious Basterds, une bande de résistant décidait de casser du nazi.
Enfin dans son nouveau film : Django Unchained, un esclave noir se voit promu chasseur de prime, oui Quentin Tarantino est le maître de l’inversion, de l’inversement des valeurs (clin d’œil à Nietzsche, même si les allemands n’ont pas toujours eu le beau rôle dans les films de Tarantino).Ici c’est donc un chasseur de prime allemand qui libère Django de ses chaînes et l’entraîne avec lui dans une chasse particulièrement corsée. Django s’avère un chasseur de prime hors pair, particulièrement efficace dans l’art du coup de fouet (plaisir de l’inversion des jeux de rôles quand tu nous tiens).
Nous avons à faire à un film explosif comme il sait les faire et plein de brutalité finaude, paradoxe qu’il maîtrise également fort bien. Le tout est porté par une bande originale des plus jouissives et empli de clins d’œil cinématographiques et historiques, envoyant des scènes satiriques et d’un humour délicieux (la scène du Klu Klux Klan en est un parfait exemple) ponctuées comme à son habitude de variations narratives et de dialogues aussi efficaces que soignés.
Un scénario efficace pour une histoire de libération (à plusieurs niveau d’ailleurs) bien menée avec une réflexion sur l’inversion (ici elle est particulièrement jouissive car teintée d’humour tarantinesque et donc sortant des sentiers battus) entre les blancs et les noirs. Le film prend une dimension supérieure par la capacité du réalisateur américain à jouer sur le fond et la forme de la même manière qu’il s’autorise à être à la fois derrière et devant la caméra.
Et comme toujours, il y a des réflexions d’une finesse psychologique absolue sans avoir l’air d’y toucher, un goût prononcé pour le mythe raconté par le maître au coin du feu à l’élève. On ne peut, devant cette scène, s’empêcher de faire un parallèle entre Bill et Béatrix en voyant évoluer ensemble Django et le Docteur King Shultz. En effet, chez Tarantino l’avènement de l’élève ou valet signe toujours la mort du maître qui n’est rendu possible que par un attachement entre ces deux figures qui se réalise dans le déroulement même de l’histoire dans une jolie dialectique.
Un autre trait que l’on peut apprécier particulièrement chez ce cinéaste et commun dans tous ses films comme leitmotiv : la finesse, l’ironie géniale et l’intelligence narrative sont trop mal dissimulées derrière le sang, les coups et les explosifs. Et ceux-ci sont trop fins pour qu’on s’arrête à leur caractère violent. Ce sont autant de symbole de la réalisation d’une émancipation nécessaire d’un individu à qui l’on a tout pris, jusqu’à sa dignité (ce type de personnage est un leitmotiv dans la cinématographie de Quentin Tarantino).
Jamie Foxx incarne particulièrement bien cette révolte et ce goût pour la vengeance de l’asservi-souverain, ou encore de l’écorché vif que rien ne peut écarter de son but. On pense à une phrase de Nietzsche (d’ailleurs lui-même très porté sur le retournement et l’inversion) en le voyant buter tout le monde : “Celui qui passe par des épreuves terribles doit toujours se demander s’il n’est pas lui-même quelque chose de terrible”
On ne nie donc pas son enthousiasme pour un spaghetti signé Tarantino et on en ressort avec une pêche d’enfer pour un bout de temps. Et puis Django nu sur son cheval crème au galop et nu lui aussi est une image de “freedom” (il y a une superbe chanson du même titre dans la bande originale) qui emporte loin et libère…un personnage libre dans ses chaînes comme l’était Beatrix dans Kill Bill. Chez l’un comme chez l’autre : la vengeance n’est pas une fin, elle n’est jamais que motivé que par l’amour. C’est un outil vital d’émancipation, de survie, et de dépassement de soi au fil des épreuves pour vivre sa vie volée par et retrouver un paradis perdu.
Et comme toujours, il y a des réflexions d’une finesse psychologique absolue sans avoir l’air d’y toucher, un goût prononcé pour le mythe raconté par le maître au coin du feu à l’élève. On ne peut, devant cette scène, s’empêcher de faire un parallèle entre Bill et Béatrix en voyant évoluer ensemble Django et le Docteur King Shultz. En effet, chez Tarantino l’avènement de l’élève ou valet signe toujours la mort du maître qui n’est rendu possible que par un attachement entre ces deux figures qui se réalise dans le déroulement même de l’histoire dans une jolie dialectique.
Un autre trait que l’on peut apprécier particulièrement chez ce cinéaste et commun dans tous ses films comme leitmotiv : la finesse, l’ironie géniale et l’intelligence narrative sont trop mal dissimulées derrière le sang, les coups et les explosifs. Et ceux-ci sont trop fins pour qu’on s’arrête à leur caractère violent. Ce sont autant de symbole de la réalisation d’une émancipation nécessaire d’un individu à qui l’on a tout pris, jusqu’à sa dignité (ce type de personnage est un leitmotiv dans la cinématographie de Quentin Tarantino).
Jamie Foxx incarne particulièrement bien cette révolte et ce goût pour la vengeance de l’asservi-souverain, ou encore de l’écorché vif que rien ne peut écarter de son but. On pense à une phrase de Nietzsche (d’ailleurs lui-même très porté sur le retournement et l’inversion) en le voyant buter tout le monde : “Celui qui passe par des épreuves terribles doit toujours se demander s’il n’est pas lui-même quelque chose de terrible”
On ne nie donc pas son enthousiasme pour un spaghetti signé Tarantino et on en ressort avec une pêche d’enfer pour un bout de temps. Et puis Django nu sur son cheval crème au galop et nu lui aussi est une image de “freedom” (il y a une superbe chanson du même titre dans la bande originale) qui emporte loin et libère…un personnage libre dans ses chaînes comme l’était Beatrix dans Kill Bill. Chez l’un comme chez l’autre : la vengeance n’est pas une fin, elle n’est jamais que motivé que par l’amour. C’est un outil vital d’émancipation, de survie, et de dépassement de soi au fil des épreuves pour vivre sa vie volée par et retrouver un paradis perdu.
Fiche technique
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Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights) d'Andréa Arnold
Après
Les Hauts de Hurlevent de Peter Kosminsky avec Juliette Binoche, en cette fin d’année
2012 une nouvelle adaptation sort au cinéma signée par Andréa Arnold. La cinéaste
anglo-saxonne, à qui l’on doit le beau Fish Tank qui déjà traitait d’une
relation amoureuse et familiale difficile, nous dresse avec finesse le
portrait d’une adolescent torturée, le tout avec une sensibilité poétique et une grâce
certaine.
On ne s’étonnera donc pas que le célèbre roman d’Emily Brontë : œuvre complexe, immense, sombre, romantique et d’une sensualité palpable de par son tragique à fleur de peau évoquant souvent les poèmes désespérés de Georges Bataille compte parmi ses romans préférés. L’amour, la folie et l’aboutissement logique d’un tel mélange : la destruction. Car rien n’est plus proche de l’amour que la haine et le contact physique ici peut aussi bien tenir que dans l’inimitié que dans l’amitié. Il peut aussi être inversion. Après tout, comme nous le rappelle Zarathoustra : « La nuit est aussi un soleil ». Andréa Arnold fait bon usage de cet amoralisme présente dans l’œuvre qui avait d’ailleurs choqué le lectorat à sa parution en 1847, elle nous livre une lecture très sensualiste de l’œuvre et tente de nous faire ressentir cette nature et cette animalité assimilé à une expérience intérieure en filmant chaque détail de ces promenades sur la lande pouvant nous la faire ressentir jusque dans le corps, on assiste aux frottements des personnages dans l’herbe et la boue, aux coups donnés de toute part.
Il est perceptible dès les premières scènes que les deux protagonistes sont à part, d’une nature extramorale et spontanée, presque d’une violence primitive. Pleins de complexité et de désir animal, ils rêvent d’évasion dans la nature. Deux esprits libres réunis par le destin mais sous un jour toutefois bien éloigné des idéaux romantiques. L’origine sociale et raciale du protagoniste n’est pas de prime abord un problème : le père de Cathy protège Heathcliff et le traite en égal, lui offrant le couvert et le lit mais quand il succombe à la maladie, c’est son frère raciste et haineux qui prend le contrôle de la maison et maltraite Heathcliff dès que l’occasion se présente, ce qui réveille chez ce dernier des pulsions de vengeances étouffées qui se réaliseront plus tard. Après un séjour chez les Linton, Cathy qui s’est défaite de son attitude de sauvageonne pour revêtir de beaux atours et de belles manières mais change également brutalement d’attitude vis-à-vis de lui, se liant désormais plus volontiers avec Edgard Linton, qu’elle accepte bientôt d’épouser. Plan sur Heathcliff qui fuit Hurlevent sous la pluie battante puis plus rien.
Fondu au noir.
On ne s’étonnera donc pas que le célèbre roman d’Emily Brontë : œuvre complexe, immense, sombre, romantique et d’une sensualité palpable de par son tragique à fleur de peau évoquant souvent les poèmes désespérés de Georges Bataille compte parmi ses romans préférés. L’amour, la folie et l’aboutissement logique d’un tel mélange : la destruction. Car rien n’est plus proche de l’amour que la haine et le contact physique ici peut aussi bien tenir que dans l’inimitié que dans l’amitié. Il peut aussi être inversion. Après tout, comme nous le rappelle Zarathoustra : « La nuit est aussi un soleil ». Andréa Arnold fait bon usage de cet amoralisme présente dans l’œuvre qui avait d’ailleurs choqué le lectorat à sa parution en 1847, elle nous livre une lecture très sensualiste de l’œuvre et tente de nous faire ressentir cette nature et cette animalité assimilé à une expérience intérieure en filmant chaque détail de ces promenades sur la lande pouvant nous la faire ressentir jusque dans le corps, on assiste aux frottements des personnages dans l’herbe et la boue, aux coups donnés de toute part.
Il est perceptible dès les premières scènes que les deux protagonistes sont à part, d’une nature extramorale et spontanée, presque d’une violence primitive. Pleins de complexité et de désir animal, ils rêvent d’évasion dans la nature. Deux esprits libres réunis par le destin mais sous un jour toutefois bien éloigné des idéaux romantiques. L’origine sociale et raciale du protagoniste n’est pas de prime abord un problème : le père de Cathy protège Heathcliff et le traite en égal, lui offrant le couvert et le lit mais quand il succombe à la maladie, c’est son frère raciste et haineux qui prend le contrôle de la maison et maltraite Heathcliff dès que l’occasion se présente, ce qui réveille chez ce dernier des pulsions de vengeances étouffées qui se réaliseront plus tard. Après un séjour chez les Linton, Cathy qui s’est défaite de son attitude de sauvageonne pour revêtir de beaux atours et de belles manières mais change également brutalement d’attitude vis-à-vis de lui, se liant désormais plus volontiers avec Edgard Linton, qu’elle accepte bientôt d’épouser. Plan sur Heathcliff qui fuit Hurlevent sous la pluie battante puis plus rien.
Fondu au noir.
La
scène suivante montre un Heathcliff sous un jour meilleur qui revient trois ans
plus tard au domaine de Hurlevent pour accomplir sa vengeance avec un corps
mieux bâti et des poches plus remplies. L’odieux frère de Cathy est quant à lui
désormais un homme affaibli et détruit par le chagrin de la perte de son épouse
après la naissance de son fils et ruiné. Ainsi, tout comme dans l’oeuvre de
Nietzsche (Emily Brontë étant d’ailleurs comme ce dernier, fille de pasteur),
la réflexion sur la faiblesse et la force ainsi que sur le mal et le bien est
omniprésente dans le récit : les rapports ne cessent de s’inverser entre
dominés et dominants. Ainsi Heathcliff devient le propriétaire autoritaire
voire même cruel dans son esprit de vengeance des hauts de Hurlevent.
« Il est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. » dira Cathy à propos de Heathcliff. C’est ce que Cathy aime chez Heathcliff, elle parvient à l’exprimer : il est elle-même plus qu’elle ne parviendra jamais à l’être elle-même. Ici on retrouve donc un poncif du romantisme : l’autre comme miroir révélateur ou alter-ego plus authentique que soi-même.
Devant cette nouvelle adaptation parfois à la limite de l’hystérie, on se rappelle inévitablement la chanson de Kate Bush, inspirée du roman et le clip l’accompagnant. Espoir de rédemption par cette déclaration post-mortem et un apaisement à toute cette immense détresse empreinte de rage :
« Il est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. » dira Cathy à propos de Heathcliff. C’est ce que Cathy aime chez Heathcliff, elle parvient à l’exprimer : il est elle-même plus qu’elle ne parviendra jamais à l’être elle-même. Ici on retrouve donc un poncif du romantisme : l’autre comme miroir révélateur ou alter-ego plus authentique que soi-même.
Devant cette nouvelle adaptation parfois à la limite de l’hystérie, on se rappelle inévitablement la chanson de Kate Bush, inspirée du roman et le clip l’accompagnant. Espoir de rédemption par cette déclaration post-mortem et un apaisement à toute cette immense détresse empreinte de rage :
Out on the wiley, windy moors
We'd roll and fall in green. You had a temper like my jealousy: Too hot, too greedy. How could you leave me, when I needed to possess you? I hated you. I loved you, too. |
Dehors, sous le vent de la lande mystérieuse,
Nous tombions et nous roulions dans l'herbe, Tu avais le caractère tout comme ma jalousie : Trop vif, trop avide. Comment as-tu pu me quitter, quand j'avais besoin de te posséder ? Je te détestais. Je t'aimais, aussi. |
Si l’on peut reprocher par moment à cette adaptation qu’elle soit un peu forcée sur la lecture et paradoxalement d’adapter le temps du récit d’une façon un peu trop stricte, à savoir en deux temps : avant/après, qui tranche avec la désir d’originalité affichée avec l’interprétation ultra sensualiste, elle néanmoins reste fidèle à l’être du roman, notamment grâce à son excellent choix de casting ; car la jeune Kaya Scodelario aura su insuffler l’émotion nécessaire et retranscrire le caractère à la fois sibyllin et indompté propre au personnage de Cathy Earnshaw.
Fiche technique
Synopsis : Angleterre – XIXème siècle. Heathcliff, un enfant vagabond, est recueilli par M. Earnshaw qui vit seul avec ses deux enfants, Hindley et Cathy, dans une ferme isolée. Heathcliff est bientôt confronté aux violences de Hindley, jaloux de l’attention de son père pour cet étranger. Le jeune garçon devient le protégé de Cathy. A la mort de M. Earnshaw, Cathy est courtisée par le fils de riches voisins, laissant peu à peu Heathcliff à la merci de Hindley. A l’annonce du prochain mariage de Cathy, Heathcliff s’enfuit. L’attachement fraternel qu’il vouait à Cathy se transforme alors en un amour obsessionnel. (AlloCiné) |
Touristes de Ben Wheatley
Two lovers in the holiday’s road
Des vacances sanglantes ponctuées
d’innocentes visites sur des sites touristiques au musée du tramway ou du
crayon, des escales sur des aires de jeux et des moments tendres sur fond de Tainted love de Soft Cell se prépare
pour Tina et Chris ; un jeune couple amoureux. Après un film décapant et sombre
Kill List Ben Wheatley récidive sur le thème du meurtre en se plaçant encore une
fois du côté des meurtriers, en toute innocence bien sûr. À partir de là, vous
l’aurez compris ; ce film est un drôle de mélanges d'émotions condensés en une synthèse
qui ne peut être tout à fait réjouissante tant les facéties morbides n’arrivent
pas à étouffer la solitude et le quotidien empli de mélancolie et d’ennui des
deux protagonistes qui provoquent un certain malaise dès les premières scènes
sur ce foyer dont les murs est recouvert de photos du même petit chien blanc
avec pour seul bruit de fond les râles et sanglots de la mère qui a tout d’une Tatie
Danielle , par conséquent il n’est pas évident de le classer : c’est une sorte
de comédie noire à l'humour glauque. Ce qui est étrange c'est qu'il y a en
parallèle, et paradoxalement, une sorte de beauté sereine à suivre le périple
de ces deux êtres à part dans la belle campagne anglaise et écossaise pleine de
charme, avec des paysages qui rappellent les tableaux de John Constable, et à
les voir parcourir ces sites touristiques, ou encore à les entendre faire
grincer la rutilante caravane décorée d'accessoires kitsch sur les aires
d’autoroutes.
Le jeune couple tue par envie
d'être "respecté et craint" ou encore d’« être maître de son destin »
comme le dit Chris et par conséquent de ne plus rencontrer aucune entrave à ce
qui s'offre à eux comme une nouvelle vie. Ils savent aussi perfidement se
montrer bien sous tout rapport et prendre l’apparence d’un couple banal et
rangé face aux inconnus pour écarter tout soupçon. Lui, tueur récidiviste
exigeant, elle qui se découvre finalement aussi avide de meurtres dans sa
naïveté enfantine et dans sa fuite salvatrice d’un univers sclérosé (pas
étonnant avec une mère qui rappelle un mélange de Margaret White (Carrie) ou encore Madame Kohut (La pianiste). Comme souvent, dans la
littérature et le cinéma, la présence étouffante d’une telle mère provoque des
failles chez leur fille ; et cette libération trop brutale provoque chez Tina
une incapacité à supporter la moindre contrariété et frustration et la seule
réponse à chacune d’entre elles devient la suppression pure et simple de l’être
interchangeable qui en est à l’origine. Pourtant ni l’un ni l’autre des
tourtereaux n’est pour autant tout à fait débarrassé de la morale et c’est là
tout leur drame : chacun n’a effectivement de cesse de reprocher à l’autre son
absence de principes moraux même si ceux-ci sont évidemment renversés par leurs
mœurs particulières, ce qui donne souvent lieu à des dialogues surréalistes
aussi révoltants qu’hilarants.
Et Si à l’instar de Friedrich Schlegel on pense que rien n'est plus méprisable qu'un witz (esprit, blague, humour) triste, on ne pourra apprécier ce film. Mais en revanche si l'on a un goût pour les films déjantés de Quentin Dupieux et qu'on s'est bidonné devant l’excellent Smiley face de Gregg Araki, qu’on a gardé un souvenir mémorable du cynique C’est arrivé près de chez vous il y a des chances de passer un bon moment devant cet atypique road movie glauque à souhait mais non dénué de grâce, d’esthétisme et de façon peut-être moins attendue : d’une certaine réflexion derrière le nihilisme apparent sur la vacuité et la fragilité de la vie que l’on peut ôter ou quitter à tout moment quand on vit dans une société réduite ici à deux sujets et une marginalité morale. Une étonnante plongée dans le quotidien de deux sérials killers à l’allure pourtant des plus insignifiantes qui soit.
Et Si à l’instar de Friedrich Schlegel on pense que rien n'est plus méprisable qu'un witz (esprit, blague, humour) triste, on ne pourra apprécier ce film. Mais en revanche si l'on a un goût pour les films déjantés de Quentin Dupieux et qu'on s'est bidonné devant l’excellent Smiley face de Gregg Araki, qu’on a gardé un souvenir mémorable du cynique C’est arrivé près de chez vous il y a des chances de passer un bon moment devant cet atypique road movie glauque à souhait mais non dénué de grâce, d’esthétisme et de façon peut-être moins attendue : d’une certaine réflexion derrière le nihilisme apparent sur la vacuité et la fragilité de la vie que l’on peut ôter ou quitter à tout moment quand on vit dans une société réduite ici à deux sujets et une marginalité morale. Une étonnante plongée dans le quotidien de deux sérials killers à l’allure pourtant des plus insignifiantes qui soit.
Fiche technique
Synopsis : Tina a toujours mené une vie paisible et bien rangée, protégée par une mère possessive et très envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris décide de lui faire découvrir l’Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent: touristes négligents, ados bruyants et campings réservés vont rapidement mettre en pièces le rêve de Chris et de tous ceux qui se trouveront sur son chemin… (AlloCiné) |
The Artist is présent
Dévoilement et présence au-delà du visage : limites et infini
Marina Abramović: The artist is present. Documentaire
de Matthew Akers et Jeff Dupre (2012).
Marina Abramović est une artiste née a Belgrade en Serbie et repousse les barrières du potentiel physique dans son travail, au cours de sa vie et de son œuvre elle a souvent fait des expériences corporelles extrêmes au cours de ses performances, la mettant parfois fortement en péril. On peine a croire qu’elle a plus de soixante ans devant sa beauté a la fois sensuelle et juvénile. Le documentaire retrace son parcours atypique et décisif pour la performance dont elle est en quelque sorte la grand-mère et se concentre sur sa performance intitulée The artist is present qui a eu lieu au musée d’art modern de New York en 2010.
This artist is so present pendant plusieurs mois au musée d’art moderne pour cette performance avec autrui, et quelle présence ! Marina s’offre à chacun des visages qui s’offrent au sien tour a tour, pleure parfois. Loin d’une froideur impénétrable et de l’indifférence clinique que l’affiche pourrait faire supposer, elle laisse au contraire libre cours a ses émotions, se donne le droit de mettre fin à l’expérience si celle-ci devient insupportable, c’est donc un échange de fragilité qui s’offre au public.
Un amour multiple et partage, public ici mis en abyme par le film. La question des limites, comme souvent en art au sens large et encore plus dans la performance dont il est ici question, est très présente, puisque le ≪public ≫ (mais l’est-il encore ?) est invite a participer, a s’avancer sur la scène plonger son regard dans celui de Marina, cette géante de l’art contemporain, this warrior. Et parfois ce public particulier outrepasse les limites, pris d’un élan démonstratif comme cette femme qui se dénude spontanément par envie d’intimité plus grande encore avec Marina qui devient objet de désir, se refusant pourtant à devenir une idole comme elle le dit elle-même dans le manifeste des artistes qu’elle a malicieusement rédige. Ici on découvre l’artiste sous un jour très personnel au travers de son itinéraire, retrace autour de la performance : sa vie amoureuse, sa solitude, sa conception de l’art et de la vie car les deux vont évidemment de pairs, ses blessures.
Marina Abramović est une artiste née a Belgrade en Serbie et repousse les barrières du potentiel physique dans son travail, au cours de sa vie et de son œuvre elle a souvent fait des expériences corporelles extrêmes au cours de ses performances, la mettant parfois fortement en péril. On peine a croire qu’elle a plus de soixante ans devant sa beauté a la fois sensuelle et juvénile. Le documentaire retrace son parcours atypique et décisif pour la performance dont elle est en quelque sorte la grand-mère et se concentre sur sa performance intitulée The artist is present qui a eu lieu au musée d’art modern de New York en 2010.
This artist is so present pendant plusieurs mois au musée d’art moderne pour cette performance avec autrui, et quelle présence ! Marina s’offre à chacun des visages qui s’offrent au sien tour a tour, pleure parfois. Loin d’une froideur impénétrable et de l’indifférence clinique que l’affiche pourrait faire supposer, elle laisse au contraire libre cours a ses émotions, se donne le droit de mettre fin à l’expérience si celle-ci devient insupportable, c’est donc un échange de fragilité qui s’offre au public.
Un amour multiple et partage, public ici mis en abyme par le film. La question des limites, comme souvent en art au sens large et encore plus dans la performance dont il est ici question, est très présente, puisque le ≪public ≫ (mais l’est-il encore ?) est invite a participer, a s’avancer sur la scène plonger son regard dans celui de Marina, cette géante de l’art contemporain, this warrior. Et parfois ce public particulier outrepasse les limites, pris d’un élan démonstratif comme cette femme qui se dénude spontanément par envie d’intimité plus grande encore avec Marina qui devient objet de désir, se refusant pourtant à devenir une idole comme elle le dit elle-même dans le manifeste des artistes qu’elle a malicieusement rédige. Ici on découvre l’artiste sous un jour très personnel au travers de son itinéraire, retrace autour de la performance : sa vie amoureuse, sa solitude, sa conception de l’art et de la vie car les deux vont évidemment de pairs, ses blessures.
Pourquoi c’est de l’art ?
Cette performance, forte en signification soulève des questions : notamment celle de la responsabilité devant autrui et celle de la limite (omniprésente en art). Éthiquement, qu’est-ce qu’une telle performance met en jeu ? Marina nous dit qu’il y a une question qu’on lui posait au début de sa carrière qu’on ne lui pose plus ≪ pourquoi c’est de l’art ? ≫ Comme si a un moment cette question devenait futile ou ridicule parce que l’artiste est reconnue comme telle par tous.
Être regardé revient à être regardé ≪ comme ≫ un autrui et un semblable, a exister dans le regard de l’autre, les deux visages se captent, quelque chose d’intense a lieu, la sous les yeux du public, c’est ça qui frappe, bien plus que la nudité des corps entre lesquels le public passe pour se rendre dans la salle de la performance. La nudité du visage inquiète. D’autant plus q’ici le visage n’est ni portrait, ni figure, il est la, vivant, présent et souvent sublime dans la lumière et capte par celui qui est en face, l’Autre visage. Le visage d'Autrui interpelle le sujet et met à mal l'égoïsme du Moi. Pour Levinas, c'est ce qui ne se voit pas, le non descriptible du visage d'autrui qui, comme trace de l'invisible, exige la responsabilité et celle-ci passe par le regard. En ce sens, on peut aisément qualifier la performance de Marina Abramović d’hyper Levinassienne. Peut-être même, d’hyper éthique en tant qu’elle met de l’amour a disposition, semblant être instantanément amoureuse de chaque être qui se présente face a elle. Les visages se succèdent, prennent le temps de communier ensemble. Marina consent a l’être dans le silence, se rend disponible jusqu’aux larmes, jusqu’aux limites du corps qui ressent douloureusement l’épreuve de l’immobilité.
La performance artistique a tout à voir ici avec l’éthique et l’amour.
La limite n’est plus seulement physique ici, ni même entre visible et invisible mais elle est aussi précisément dans cette ambigüité comme cela est soulève dans le documentaire : est-ce de l’Amour spontané pour l’Autre qui se reproduit devant chaque visage qui apparait ? Le mystère demeure. Seul le bouleversement est apparent et l’on peut répondre en disant que dans chaque visage-miroir Marina semble se découvrir un peu davantage elle-même, le visage de l’autre a donc bien une part d’infini : a la fois immanent et transcendant. Ces instants eternels de grâce émotionnelle se succèdent et on se dit avec une fausse naïveté et avec Balzac que ≪ l’art n’est pas seulement un sentiment, il est aussi Amour ≫. Édifiant et bouleversant, un film qui fait plus qu’aimer l’art et rendre hommage a une artiste immense : nous donne envie comme ce public du MoMa d’y participer pour exister aux yeux de l’Autre.
Être regardé revient à être regardé ≪ comme ≫ un autrui et un semblable, a exister dans le regard de l’autre, les deux visages se captent, quelque chose d’intense a lieu, la sous les yeux du public, c’est ça qui frappe, bien plus que la nudité des corps entre lesquels le public passe pour se rendre dans la salle de la performance. La nudité du visage inquiète. D’autant plus q’ici le visage n’est ni portrait, ni figure, il est la, vivant, présent et souvent sublime dans la lumière et capte par celui qui est en face, l’Autre visage. Le visage d'Autrui interpelle le sujet et met à mal l'égoïsme du Moi. Pour Levinas, c'est ce qui ne se voit pas, le non descriptible du visage d'autrui qui, comme trace de l'invisible, exige la responsabilité et celle-ci passe par le regard. En ce sens, on peut aisément qualifier la performance de Marina Abramović d’hyper Levinassienne. Peut-être même, d’hyper éthique en tant qu’elle met de l’amour a disposition, semblant être instantanément amoureuse de chaque être qui se présente face a elle. Les visages se succèdent, prennent le temps de communier ensemble. Marina consent a l’être dans le silence, se rend disponible jusqu’aux larmes, jusqu’aux limites du corps qui ressent douloureusement l’épreuve de l’immobilité.
La performance artistique a tout à voir ici avec l’éthique et l’amour.
La limite n’est plus seulement physique ici, ni même entre visible et invisible mais elle est aussi précisément dans cette ambigüité comme cela est soulève dans le documentaire : est-ce de l’Amour spontané pour l’Autre qui se reproduit devant chaque visage qui apparait ? Le mystère demeure. Seul le bouleversement est apparent et l’on peut répondre en disant que dans chaque visage-miroir Marina semble se découvrir un peu davantage elle-même, le visage de l’autre a donc bien une part d’infini : a la fois immanent et transcendant. Ces instants eternels de grâce émotionnelle se succèdent et on se dit avec une fausse naïveté et avec Balzac que ≪ l’art n’est pas seulement un sentiment, il est aussi Amour ≫. Édifiant et bouleversant, un film qui fait plus qu’aimer l’art et rendre hommage a une artiste immense : nous donne envie comme ce public du MoMa d’y participer pour exister aux yeux de l’Autre.
Nicole Kidman chez Lee Daniels : le choc !
The Paperboy de Lee Daniels a de quoi horrifier les féministes et
les puritains, Nicole Kidman y apparaît méconnaissable en paumée nymphomane et
vulgaire, pseudo-écrivaine amoureuse d'un tueur psychopathe. Un véritable choc
de mauvais goût pleinement assumé.
Le réalisateur de Precious a une attirance indéniable pour le mauvais goût et le scabreux. On se rappellera notamment les scènes de gavage dans ce dernier long métrage cité. Son nouveau film ne dénote pas du précédent, et pour preuve ; Nicole Kidman a choqué à Cannes, difficile à croire et pourtant...dans The Paperboy elle apparaît indécente et métamorphosée. Talen-tueusement dépouillée de la grâce qu'on lui connaît habituellement pour incarner une bimbo dévergondée écrivant des romans vulgaires et follement amoureuse d'un meurtrier badboy en attente dans le couloir de la mort (un macho de la pire espèce incarné à merveille par John Cusack), symbole de la femme soumise qui se fait houspiller si elle a le malheur d'oser mettre un pantalon pour venir le voir au parloir (même très moulant et à paillettes). Tolérance zéro : l'affreux exige qu'elle soit exclusivement vêtue de robe courte et affriolante afin qu'elle soit toujours prête à le satisfaire la maintenant dans une féminité extrême, ridicule et caricaturale à souhait de laquelle elle semble par ailleurs s’accommoder fort bien.
Le réalisateur de Precious a une attirance indéniable pour le mauvais goût et le scabreux. On se rappellera notamment les scènes de gavage dans ce dernier long métrage cité. Son nouveau film ne dénote pas du précédent, et pour preuve ; Nicole Kidman a choqué à Cannes, difficile à croire et pourtant...dans The Paperboy elle apparaît indécente et métamorphosée. Talen-tueusement dépouillée de la grâce qu'on lui connaît habituellement pour incarner une bimbo dévergondée écrivant des romans vulgaires et follement amoureuse d'un meurtrier badboy en attente dans le couloir de la mort (un macho de la pire espèce incarné à merveille par John Cusack), symbole de la femme soumise qui se fait houspiller si elle a le malheur d'oser mettre un pantalon pour venir le voir au parloir (même très moulant et à paillettes). Tolérance zéro : l'affreux exige qu'elle soit exclusivement vêtue de robe courte et affriolante afin qu'elle soit toujours prête à le satisfaire la maintenant dans une féminité extrême, ridicule et caricaturale à souhait de laquelle elle semble par ailleurs s’accommoder fort bien.
Il faut dire que Lee Daniels a un
certain attrait pour les personnages perdus et sans destin, sa filmographie en
témoigne. Dans Shadowboxer, une
meurtrière atteinte d'un cancer, était assistée par son compagnon dans son
dernier crime, dans Precious, une
adolescente obèse et solitaire est à nouveau enceinte et doit subir un énième
avortement, tout en étant en proie à une mère névrosée et tyrannique.
Une scène sans le moindre contact physique et pourtant pour le moins copieusement salace nous est offerte sans gêne. Preuve que l'actrice est capable de se défaire de ses atours les plus élégants et distingués pour tomber subitement dans une putasserie totale et sans concessions si cela lui chante. Mimant l'ébat sexuelle de manière très suggestives, insidieuse et libérée dans une soumission dérangeante et une attitude carrément outrageuse, vulgaire et amorale ; si on reste dans le visuellement acceptable, tout n'en est pas moins suggéré d'une manière fort peu subtile.
Un film entre sang et sexe avec un léger brin de chagrin de romance poétique innocente incarnée par Zac Efron. Si Lee Daniels ne respire pas la tendresse et la bienséance, on ne peut nier que ses films dégagent une certaine puissance et dénote un courage louable pour montrer l'offensant et ce qui soulève le cœur, mais jamais assez, cependant, pour être soumis à la censure, tout un art consistant en la recherche subtile de la limite du montrable qui a néanmoins le mérite de heurter suffisamment pour provoquer une réflexion sur la raison d'être de cette violence dans les milieux les populaires peuplés d'être sans destins.
Une scène sans le moindre contact physique et pourtant pour le moins copieusement salace nous est offerte sans gêne. Preuve que l'actrice est capable de se défaire de ses atours les plus élégants et distingués pour tomber subitement dans une putasserie totale et sans concessions si cela lui chante. Mimant l'ébat sexuelle de manière très suggestives, insidieuse et libérée dans une soumission dérangeante et une attitude carrément outrageuse, vulgaire et amorale ; si on reste dans le visuellement acceptable, tout n'en est pas moins suggéré d'une manière fort peu subtile.
Un film entre sang et sexe avec un léger brin de chagrin de romance poétique innocente incarnée par Zac Efron. Si Lee Daniels ne respire pas la tendresse et la bienséance, on ne peut nier que ses films dégagent une certaine puissance et dénote un courage louable pour montrer l'offensant et ce qui soulève le cœur, mais jamais assez, cependant, pour être soumis à la censure, tout un art consistant en la recherche subtile de la limite du montrable qui a néanmoins le mérite de heurter suffisamment pour provoquer une réflexion sur la raison d'être de cette violence dans les milieux les populaires peuplés d'être sans destins.
Fiche technique
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