Cet article s'intéresse au phénomène South Park, à son exploitation humoristique de ce que j'appellerai la gay-itude (entre autres néologismes on trouvera aussi" inertique" dans la conclusion, dans le sens qui a une dynamique, mais dont la direction est peu malléable). Par Michel Jamot*
South Park, série américaine animée à caractère trash, raconte la vie de 4 camarades de classe de primaire dans leur petite ville natale du Colorado. Les références, les personnages, les insultes omniprésentes révèlent souvent une culture sexuelle inondant l' existence des enfants, marquée par ce phénomène social et médiatique de rapprochement sexuel entre personnages masculins (et plus tard dans la série, féminins). Les revendications sociales comme les préjugés ayant trait à ce mouvement sont une toile de fond sur les 16 saisons. En effet, la tolérance et les droits homosexuels sont un tournant marquant dans la société occidentale et américaine depuis les années 70, après le féminisme des années 60 et la lutte contre le racisme. L'homosexualité peut être vue comme latente chez la plupart des personnages à certaines occasions (même si la plupart, dont les 4 amis de départ de la série, Eric, Stan, Kyle et Kenny ne sont pas supposés tels, on parlera donc plutôt de tendances métaphoriques). Les contextes et les raisons sont parfois opposés, ce qui en fait une série relativement ouverte sur ce thème, écho d' un humanisme contemporain, coloré du cynisme fin 20ème siècle.
South park est gay, nous suggère le titre d' un épisode de la saison 7. South Park incarne surtout l'analyse sociale de deux amis de fac: Trey Parker et Matt Stone. Le raisonnement se fera sur l'analyse d'un épisode unique, épisode 5 saison 6, Le veau c'est rigolo dans la version française, illustrant indirectement la logique de cet aspect de la série; d' ailleurs le parallèle est bien plus évident dans la version originale, Fun with veal, qui pourrait se traduire par s' éclater avec le gay, le terme veal signifiant veau, mais aussi en argot gay... Les références se concentreront sur les 5 premières saisons, la série se démarquant par un effort revendiqué de s'enrichir, une analyse intégrale demanderait beaucoup plus de pages sans apporter rien d' essentiel à l'idée de cet article. En quoi South Park est une série gay ? Quel est le message sous tendu par cet emprunt culturel à priori déplacé dans une série contant l' enfance dans un petit village de 4 amis ? Par extension, qu' apporte la sexualité dans une série dont les personnages sont des enfants ? Ces questions sont abordées à travers trois personnages centraux. Chacun touche à un aspect de cette gay-itude, à travers des topics différents, et nous analyserons le contenu de l'épisode et sa mécanique . Pour se mettre dans l' esprit de la série, Cartman et le complexe sadique-anal, ensuite Stan, la tendance passive à l' identification à la culture gay, enfin Butters et le rejet social du à un caractère soumis.
South park est gay, nous suggère le titre d' un épisode de la saison 7. South Park incarne surtout l'analyse sociale de deux amis de fac: Trey Parker et Matt Stone. Le raisonnement se fera sur l'analyse d'un épisode unique, épisode 5 saison 6, Le veau c'est rigolo dans la version française, illustrant indirectement la logique de cet aspect de la série; d' ailleurs le parallèle est bien plus évident dans la version originale, Fun with veal, qui pourrait se traduire par s' éclater avec le gay, le terme veal signifiant veau, mais aussi en argot gay... Les références se concentreront sur les 5 premières saisons, la série se démarquant par un effort revendiqué de s'enrichir, une analyse intégrale demanderait beaucoup plus de pages sans apporter rien d' essentiel à l'idée de cet article. En quoi South Park est une série gay ? Quel est le message sous tendu par cet emprunt culturel à priori déplacé dans une série contant l' enfance dans un petit village de 4 amis ? Par extension, qu' apporte la sexualité dans une série dont les personnages sont des enfants ? Ces questions sont abordées à travers trois personnages centraux. Chacun touche à un aspect de cette gay-itude, à travers des topics différents, et nous analyserons le contenu de l'épisode et sa mécanique . Pour se mettre dans l' esprit de la série, Cartman et le complexe sadique-anal, ensuite Stan, la tendance passive à l' identification à la culture gay, enfin Butters et le rejet social du à un caractère soumis.
CARTMAN, ou QUAND ÊTRE GAY TROUE LE CUL
Eric Cartman, figure manipulatrice et sadique de la série, est attachant, probablement à cause de son égotisme presque naïf, parfois montré comme réponse narcissique à un environnement socialement déterminant: "le petit gros" couvé par sa mère célibataire. Il est paradoxalement le personnage le plus charismatique de la série. On peut symboliquement le voir associé à la volonté d' exploitation du mercantilisme, il cherche domination et pouvoir.
Petit résumé, cet épisode raconte la visite scolaire d'un élevage de veaux, la cruauté de leur condition touchera les 4 amis (note: Kenny mort à la fin de la saison 5 pour une saison entière est remplacé depuis peu par Butters au sein de la bande), et un enlèvement/sauvetage des veaux sera organisé. Ils se barricaderont ensuite dans la chambre de Stan, assiégés par le propriétaire du ranch, leurs parents, la police, le FBI et les journalistes. Le groupe amené à se rendre , les veaux seront néanmoins sauvés, Deus ex machina, par la chute de la consommation après que Cartman dans ses revendications au FBI ait réussi à faire remplacer l'appellation "veau" par "bébé vache torturé".
Ce dernier dès le début de l'épisode se montre insensible aux souffrances des autres. Les veaux, enchainés et dotés d' un regard rappelant le Chat-peauté (chat-botté) de Shrek, Puss-in-boots, ne lui évoqueront que "hmm il a l'air succulent...". Son ambivalence est illustrée la nuit même quand ses 3 amis font irruption par la fenêtre de sa chambre, le surprenant en plein cauchemar, manifestement d'abus sexuel incestueux; les terreurs nocturnes rétablissent en quelque sorte un équilibre avec son humanité refoulée à l'état conscient. En effet, après que Stan lui ait exposé le projet de sauvetage des veaux, Cartman accepte "à condition que Kyle (sa cible préférée, entre autre à cause de ses origines juives) m'embrasse le cul"... on voit ici le fantasme récurrent d'Eric, rassuré par la domination narcissique sur les minorités, forme de d' auto-érotisme par chantage... c'est là le sadisme Cartmanien, et la dynamique principale du personnage. Kyle s'exécutant après tergiversations, Cartman lâche un pet dans son visage (gag multiplé à outrance dans la scène), on peut identifier le plaisir de rétention/expulsion selon la description freudienne du stade anal du développement de l' enfant, la découverte de l'angoisse, et l'application de la volonté sur autrui... que Freud mettait en rapport avec les figures dictatoriales.
Au long de la série, Cartman montrera des tendances ambigues à travers cette dynamique, notamment sur Butters. Kyle de son côté a trop de répondant et Eric ne peut que tenter de dominer la fierté de ce dernier. Exemple: Kyle au cours de l' épisode lui balance "ton cul faudrait surtout qu' il fonde" à quoi Cartman réplique "Bah oui, mais moi au moins, j'ai un cul, Juif! ". On voit ici illustré le rapport sémantique entre le "cul" des insultes, et le sphincter symbolique de l' application de la volonté... Pour approfondir , on peut interpréter l' antisémitisme Cartmanien (caricaturé en figure Hitlérienne de manière assez régulière) comme l' idée que le peuple Juif, soumis à une tradition patriarcale alors que lui-même est de père inconnu, ne peut concurrencer la force de sa volonté, libre de tradition comme de morale... Une autre interprétation exploiterait le mythe de la radinerie juive, rétention elle aussi, mais sans comparaison à sa propre capacité... "bataille de culs" entre Kyle et Cartman, scène dans l' esprit de la série... Eric crée d' ailleurs souvent autour de lui un contexte belliqueux lui permettant de revendiquer une supériorité sur les autres. Sa haine récurrente des hippies est d' ailleurs probablement liée à cette incapacité de les plier à un challenge ou une discipline donnée... Présent encore dans cet épisode: "Jt'avais prévenu Stan, on a empêché les veaux de devenir des escalopes et du coup on nous prend pour des saletés de hippies"... Malgré tout, Eric applique inlassablement son sadisme ingénu, notamment lors de l'évasion des veaux, où il les fait glisser sur la glace: "Je fais du veau-curling".
Rappelons maintenant que la clé de l'épisode est linguistique: "Pourquoi on les appelle veaux quand c'est des bébés vaches torturés ?" L'évolution du vocabulaire ne suit pas les modes éthiques en temps réel, végétalisme, végétarisme, et redécouverte des cultures hindoues étant plus récents que le lexique des bovidés consommés depuis longtemps en occident (vache, veau, boeuf etc...). Ensuite, la question évoque le mercantilisme, le conditionnement publicitaire... des thèmes plus ou moins directement rapportables à Cartman qui indirectement permettra le sauvetage des veaux, il maîtrise l'outil qu'est le verbe. Symboliquement, on peut associer le mercantilisme à une volonté Cartmanienne de viol des masses, anal ou oral (il s'agit ici de ce que l'on nous fait "gober" dans les deux sens). Ce dernier domine ces univers "adultes" en gagnant un combat perdu d' avance pour de simples enfants... Car il manipulera avec brio le négociateur du FBI. Le technocrate incarne la condescendance des adultes envers les enfants, mais aussi l'absurde institutionnel, ici fournissant un missile à 4 enfants "terroristes" retranchés dans une chambre avec des veaux destinés « à être transformés en escalopes »... Cette confrontation à l'institution trouve une résolution, le scénario exploitant les tensions presque mythologiques entre les enfants. L'échelle humaine est au fondement de la structure scénaristique de South Park. Et c'est probablement ce qui fait la force et la longévité de la série. Maintenant que le fonctionnement des psychologies sur la diégèse a été évoquée, intéressons nous à un autre plan diégétique et au personnage de Stan, probablement le plus gay-friendly du quatuor principal.
Petit résumé, cet épisode raconte la visite scolaire d'un élevage de veaux, la cruauté de leur condition touchera les 4 amis (note: Kenny mort à la fin de la saison 5 pour une saison entière est remplacé depuis peu par Butters au sein de la bande), et un enlèvement/sauvetage des veaux sera organisé. Ils se barricaderont ensuite dans la chambre de Stan, assiégés par le propriétaire du ranch, leurs parents, la police, le FBI et les journalistes. Le groupe amené à se rendre , les veaux seront néanmoins sauvés, Deus ex machina, par la chute de la consommation après que Cartman dans ses revendications au FBI ait réussi à faire remplacer l'appellation "veau" par "bébé vache torturé".
Ce dernier dès le début de l'épisode se montre insensible aux souffrances des autres. Les veaux, enchainés et dotés d' un regard rappelant le Chat-peauté (chat-botté) de Shrek, Puss-in-boots, ne lui évoqueront que "hmm il a l'air succulent...". Son ambivalence est illustrée la nuit même quand ses 3 amis font irruption par la fenêtre de sa chambre, le surprenant en plein cauchemar, manifestement d'abus sexuel incestueux; les terreurs nocturnes rétablissent en quelque sorte un équilibre avec son humanité refoulée à l'état conscient. En effet, après que Stan lui ait exposé le projet de sauvetage des veaux, Cartman accepte "à condition que Kyle (sa cible préférée, entre autre à cause de ses origines juives) m'embrasse le cul"... on voit ici le fantasme récurrent d'Eric, rassuré par la domination narcissique sur les minorités, forme de d' auto-érotisme par chantage... c'est là le sadisme Cartmanien, et la dynamique principale du personnage. Kyle s'exécutant après tergiversations, Cartman lâche un pet dans son visage (gag multiplé à outrance dans la scène), on peut identifier le plaisir de rétention/expulsion selon la description freudienne du stade anal du développement de l' enfant, la découverte de l'angoisse, et l'application de la volonté sur autrui... que Freud mettait en rapport avec les figures dictatoriales.
Au long de la série, Cartman montrera des tendances ambigues à travers cette dynamique, notamment sur Butters. Kyle de son côté a trop de répondant et Eric ne peut que tenter de dominer la fierté de ce dernier. Exemple: Kyle au cours de l' épisode lui balance "ton cul faudrait surtout qu' il fonde" à quoi Cartman réplique "Bah oui, mais moi au moins, j'ai un cul, Juif! ". On voit ici illustré le rapport sémantique entre le "cul" des insultes, et le sphincter symbolique de l' application de la volonté... Pour approfondir , on peut interpréter l' antisémitisme Cartmanien (caricaturé en figure Hitlérienne de manière assez régulière) comme l' idée que le peuple Juif, soumis à une tradition patriarcale alors que lui-même est de père inconnu, ne peut concurrencer la force de sa volonté, libre de tradition comme de morale... Une autre interprétation exploiterait le mythe de la radinerie juive, rétention elle aussi, mais sans comparaison à sa propre capacité... "bataille de culs" entre Kyle et Cartman, scène dans l' esprit de la série... Eric crée d' ailleurs souvent autour de lui un contexte belliqueux lui permettant de revendiquer une supériorité sur les autres. Sa haine récurrente des hippies est d' ailleurs probablement liée à cette incapacité de les plier à un challenge ou une discipline donnée... Présent encore dans cet épisode: "Jt'avais prévenu Stan, on a empêché les veaux de devenir des escalopes et du coup on nous prend pour des saletés de hippies"... Malgré tout, Eric applique inlassablement son sadisme ingénu, notamment lors de l'évasion des veaux, où il les fait glisser sur la glace: "Je fais du veau-curling".
Rappelons maintenant que la clé de l'épisode est linguistique: "Pourquoi on les appelle veaux quand c'est des bébés vaches torturés ?" L'évolution du vocabulaire ne suit pas les modes éthiques en temps réel, végétalisme, végétarisme, et redécouverte des cultures hindoues étant plus récents que le lexique des bovidés consommés depuis longtemps en occident (vache, veau, boeuf etc...). Ensuite, la question évoque le mercantilisme, le conditionnement publicitaire... des thèmes plus ou moins directement rapportables à Cartman qui indirectement permettra le sauvetage des veaux, il maîtrise l'outil qu'est le verbe. Symboliquement, on peut associer le mercantilisme à une volonté Cartmanienne de viol des masses, anal ou oral (il s'agit ici de ce que l'on nous fait "gober" dans les deux sens). Ce dernier domine ces univers "adultes" en gagnant un combat perdu d' avance pour de simples enfants... Car il manipulera avec brio le négociateur du FBI. Le technocrate incarne la condescendance des adultes envers les enfants, mais aussi l'absurde institutionnel, ici fournissant un missile à 4 enfants "terroristes" retranchés dans une chambre avec des veaux destinés « à être transformés en escalopes »... Cette confrontation à l'institution trouve une résolution, le scénario exploitant les tensions presque mythologiques entre les enfants. L'échelle humaine est au fondement de la structure scénaristique de South Park. Et c'est probablement ce qui fait la force et la longévité de la série. Maintenant que le fonctionnement des psychologies sur la diégèse a été évoquée, intéressons nous à un autre plan diégétique et au personnage de Stan, probablement le plus gay-friendly du quatuor principal.
STAN ou QUAND LA REBELLION TE TRANSFORME EN FOUFOUNE
Stan est le personnage "humaniste", celui qui fait naître les mouvements sociaux. Lors des premiers épisodes de la série il amène justement le thème de l' acceptation sociale de l' homosexualité et de sa culture, à travers l' épisode intitulé Une promenade folle avec Al Super Gay, soucieux de comprendre son chien sodomite... Dans notre exemple, complice de Kyle, il est le père idéologique de la révolte contre le système alimentaire, remplacé bientôt par Cartman, père de force de la révolte, Stan se retrouvant par la force de ses idéaux en position de faiblesse. Une fois retranché avec ses amis, il remet en cause les figures d' autorité et les lois selon un raisonnement simple bien connu des adolescents : l' autorité s' oppose à la morale, donc l' autorité est impertinente.
Premier exemple, un "kit de cambriolage" pour enfants, mettant en garde contre l'utilisation pour de vrais cambriolages. Cet avertissment évoque les contradictions d' un système de lois écrites dans l'esprit d'une morale, dans une société dont la dynamique est surtout mercantile. L'esprit de la loi devient donc puritanisme abscons et la lettre permet le commerce immoral. Ce conflit trouvera une résolution idéale à la fin de l' épisode. La loi du marché rééquilibrera le conflit dès que le "sens" moral sera appliqué au langage, à la désignation du produit, tout semble reposer sur le verbe et l' évocation d' images, dans la publicité comme dans le succès d' une série.
Le scénario prend cependant du recul par rapport à cette éthique infantile, comme le montre le stoïcisme des veaux lorsque Stan enthousiaste les libère: "et voilà, t'es libre, allez, enfuis-toi!!!". On pense naturellement au cynisme de Cartman... Involontairement il mène Jed le rancher, propriétaire du Ranch, à la maison de Stan : "J'ai suivi des traces de veau-curling jusque chez vous Mme" dira-t-il à la mère de l' enfant. Le cynisme industriel de Jed répond au cynisme Cartmanien. La discussion entre Jed et la mère de Stan justifie la prise de position morale de Stan. L'hypocrisie des systèmes "adultes" prend alors 3 formes: le consensus moral (présent dans de nombreuses productions d'animation, Disney par exemple), la relation aux parents, filiation nécessaire, en tension avec la volonté économique, réduisant l' individu à un consommateur, et enfin l' institution policière, concernée par la simple légalité.
La révolte de Stan est clé de la compréhension de cette partie; ce conflit entre formes d'autorité et repères moraux décide le jeune garçon à ne se fier qu'à son jugement. Cette étape déterminante pour la construction identitaire permet la capacité à remettre en cause un ordre donné. Stan apprend à prendre des repères en questionnant les formes d' autorité, démarche constructive. Cependant pour échapper à un rejet en bloc de ce qui est autorité, et lui permettre de s'identifier, il lui faut une communauté de confiance.
"Je vous emmerde" illustrera une autre référence au stade anal. Et la sexualité sera ici par extension un des domaines concernés par cette indépendance acquise. Les enfants s' unissent autour de la cause de la sensibilité et de l' empathie pour les veaux, devenant sensiblerie à l'échelle du pays, jeu de l'audimat dans la chaîne d' informations. Les sentiments devenant la cause supérieure, les désirs et l'existence de l' individu deviennent repères sacrés. C' est le schéma sociologique de ce siècle, qui mène naturellement vers le principe d' union entre sexe identique, le principe du droit au rassemblement et à la communauté et tant d' autres... On pourra alors à partir d' ici les voir passer une nuit à 3 dans le lit entourés de veaux, l'aspect "animal", bestial et tout à la fois mignon, presque féminin et fragile illustrant cette tendance sexualisée. Butters étant le personnage symbolisant le mieux ce concept de "mignon" (dois-je rappeler le sens qu'a pris ce mot à la cour après François 1er et Henri 4...) Stan se réveille à côté de celui ci: "Butters tu as le bras autour de moi" "oh excuse moi je croyais que c'était mr pickles"... Un des tabous abordés par la série, centre de la polémique initiale de la psychanalyse, est le désir de percevoir l'enfance comme asexuée, alors qu'elle ne l'est manifestement pas. On verra que Butters par son besoin d'affection, de reconnaissance et de cadre va être prêt à accepter un peu tout de la part de ceux qui pourraient lui en donner.
Enfin, le final dévoile la "faiblesse" qui a pris Stan: celui-ci a attrapé une maladie en ne mangeant pas la viande apportée en douce par la mère d'Eric... des tâches et plaies rougeâtres lui sont apparues partout sur le corps, ce sont de petits vagins, qui allaient "se développer jusqu' à le transformer en foufoune géante", selon les mots du médecin. Autrement dit: manger de la viande est viril, seule une population efféminée ne mange plus de viande sous peine de faire souffrir un animal... l'épisode défend la cause végétarienne pour la réalité du traitement animal, mais pas l'hypocrisie intrinsèque de l'homme-nivore. Je rappelle que lors d'un épisode tardif, Fiottes, ce mot obtient une nouvelle définition, liée non à l'orientation sexuelle, mais à l'appartenance à la communauté "harley davidson", montrant que le vocabulaire n'est pas toujours ce qu'il semble montrer.... Pour en revenir à la symbolique de la maladie de Stan suite, notre nature étant celle de prédateurs omnivores, porter un phallus est probablement le prix symbolique à payer pour un "chasseur"... L'ambiguité entre les divers préjugés, incarnés par les jeux sur le vocabulaire en tant que phénomène social, est un reflet de notre monde pluriel unifié par les medias et les références communes. C'est par le biais d' une rébellion aux ordres prédominants que l'on apprend à fraterniser avec cette gay-itude qui se fait symbole du droit d'être différent, de penser son existence selon ses propres termes. Ce qui nous amène à un troisième aspect de la condition sociale de l'individu.
Premier exemple, un "kit de cambriolage" pour enfants, mettant en garde contre l'utilisation pour de vrais cambriolages. Cet avertissment évoque les contradictions d' un système de lois écrites dans l'esprit d'une morale, dans une société dont la dynamique est surtout mercantile. L'esprit de la loi devient donc puritanisme abscons et la lettre permet le commerce immoral. Ce conflit trouvera une résolution idéale à la fin de l' épisode. La loi du marché rééquilibrera le conflit dès que le "sens" moral sera appliqué au langage, à la désignation du produit, tout semble reposer sur le verbe et l' évocation d' images, dans la publicité comme dans le succès d' une série.
Le scénario prend cependant du recul par rapport à cette éthique infantile, comme le montre le stoïcisme des veaux lorsque Stan enthousiaste les libère: "et voilà, t'es libre, allez, enfuis-toi!!!". On pense naturellement au cynisme de Cartman... Involontairement il mène Jed le rancher, propriétaire du Ranch, à la maison de Stan : "J'ai suivi des traces de veau-curling jusque chez vous Mme" dira-t-il à la mère de l' enfant. Le cynisme industriel de Jed répond au cynisme Cartmanien. La discussion entre Jed et la mère de Stan justifie la prise de position morale de Stan. L'hypocrisie des systèmes "adultes" prend alors 3 formes: le consensus moral (présent dans de nombreuses productions d'animation, Disney par exemple), la relation aux parents, filiation nécessaire, en tension avec la volonté économique, réduisant l' individu à un consommateur, et enfin l' institution policière, concernée par la simple légalité.
La révolte de Stan est clé de la compréhension de cette partie; ce conflit entre formes d'autorité et repères moraux décide le jeune garçon à ne se fier qu'à son jugement. Cette étape déterminante pour la construction identitaire permet la capacité à remettre en cause un ordre donné. Stan apprend à prendre des repères en questionnant les formes d' autorité, démarche constructive. Cependant pour échapper à un rejet en bloc de ce qui est autorité, et lui permettre de s'identifier, il lui faut une communauté de confiance.
"Je vous emmerde" illustrera une autre référence au stade anal. Et la sexualité sera ici par extension un des domaines concernés par cette indépendance acquise. Les enfants s' unissent autour de la cause de la sensibilité et de l' empathie pour les veaux, devenant sensiblerie à l'échelle du pays, jeu de l'audimat dans la chaîne d' informations. Les sentiments devenant la cause supérieure, les désirs et l'existence de l' individu deviennent repères sacrés. C' est le schéma sociologique de ce siècle, qui mène naturellement vers le principe d' union entre sexe identique, le principe du droit au rassemblement et à la communauté et tant d' autres... On pourra alors à partir d' ici les voir passer une nuit à 3 dans le lit entourés de veaux, l'aspect "animal", bestial et tout à la fois mignon, presque féminin et fragile illustrant cette tendance sexualisée. Butters étant le personnage symbolisant le mieux ce concept de "mignon" (dois-je rappeler le sens qu'a pris ce mot à la cour après François 1er et Henri 4...) Stan se réveille à côté de celui ci: "Butters tu as le bras autour de moi" "oh excuse moi je croyais que c'était mr pickles"... Un des tabous abordés par la série, centre de la polémique initiale de la psychanalyse, est le désir de percevoir l'enfance comme asexuée, alors qu'elle ne l'est manifestement pas. On verra que Butters par son besoin d'affection, de reconnaissance et de cadre va être prêt à accepter un peu tout de la part de ceux qui pourraient lui en donner.
Enfin, le final dévoile la "faiblesse" qui a pris Stan: celui-ci a attrapé une maladie en ne mangeant pas la viande apportée en douce par la mère d'Eric... des tâches et plaies rougeâtres lui sont apparues partout sur le corps, ce sont de petits vagins, qui allaient "se développer jusqu' à le transformer en foufoune géante", selon les mots du médecin. Autrement dit: manger de la viande est viril, seule une population efféminée ne mange plus de viande sous peine de faire souffrir un animal... l'épisode défend la cause végétarienne pour la réalité du traitement animal, mais pas l'hypocrisie intrinsèque de l'homme-nivore. Je rappelle que lors d'un épisode tardif, Fiottes, ce mot obtient une nouvelle définition, liée non à l'orientation sexuelle, mais à l'appartenance à la communauté "harley davidson", montrant que le vocabulaire n'est pas toujours ce qu'il semble montrer.... Pour en revenir à la symbolique de la maladie de Stan suite, notre nature étant celle de prédateurs omnivores, porter un phallus est probablement le prix symbolique à payer pour un "chasseur"... L'ambiguité entre les divers préjugés, incarnés par les jeux sur le vocabulaire en tant que phénomène social, est un reflet de notre monde pluriel unifié par les medias et les références communes. C'est par le biais d' une rébellion aux ordres prédominants que l'on apprend à fraterniser avec cette gay-itude qui se fait symbole du droit d'être différent, de penser son existence selon ses propres termes. Ce qui nous amène à un troisième aspect de la condition sociale de l'individu.
BUTTERS ou C'EST SI DUR D'ÊTRE UNE TANTOUSE
En tant que transgression du code commun au nom de l'identité individuelle cette gay-itude se trouve donc justifiée, presque encouragée, mais jusqu'à quel point ? Il s'avère que la transgression, à la base du code trash de la série apparait nécessaire et salvatrice dans une société déjà beaucoup trop puritaine, en manque de repères, comme l'enfance contrastant l'univers des adultes le montre...
Les libertés et droits élémentaires de l'homme quant à son identité et sa libido se trouvent loués, banalisés dans tous les cas. Cependant toutes les dérives ne sont pas vues avec la même tolérance. On pourra se pencher rapidement sur quelques épisodes, au choix un éléphant fait l'amour avec un cochon, où Mr Garrison dévoilera des penchants zoophiles, le panda du harcèlement sexuel, où l'éducation sexuelle en maternelle atteint des sommets trash inusités, deux hommes nus dans un jacuzzi, où les pères de Stan et Kyle se regardent se masturber, jetant dans un doute profond Randy, le premier, jusqu'à ce qu'il apprenne que "tout le monde a déjà fait ça ou pire", Cartman s' inscrit à la NAMBLA, où Cartman à la recherche d' amis plus matures devient la mascotte de pédophiles et jettera ses amis "dans la gueule du loup" malgré lui... (clin d'œil politique, c'est le pauvre de la série, le père de Kenny, qui se fera violer par cette association de revendication aux droits pédophiles) avant l' arrestation du groupe et les accusations révoltées de Stan "mais putain vous faites l'amour à DES ENFANTS!!!", l'engin, où Mr Garrison invente un moyen de transport ultra-rapide à commandes buccales et anales, avant que quelqu'un ait la bonne idée de lui demander si on ne pouvait pas avoir des commandes manuelles classiques... ou l'épisode de Butters, où celui-ci découvre que son père fréquente des clubs gays et provoque une crise dans le couple de ses parents avant de se faire enchaîner à la cave et nourri d'êtres humains fraîchement tués parceque ses parents croient qu' il est un zombie...
La série se permet donc d' aborder librement des pratiques associées à l'homosexualité, des débats sociaux à la vulgarisation de pratiques sexuelles hardcore ( la pédophilie illustrée par l'épisode sur la NAMBLA, la North American Man Boy Love Association, ou la scatophilie, voir Comment manger avec son cul, ou La photo et la pratique appelée "le vilain Mr Sanchez", qui consiste à étaler des excréments sur la lèvre supérieure pour faire moustache...). C'est ici que le personnage de Butters me paraît intéressant à aborder. Butters, est un chétif, et candide petit garçon, impressionnable et malléable. Il sera complémentaire de Cartman pendant quelques épisodes, en tant que souffre-douleur. Victime parfaite, il peut dormir avec un sourire angélique et quelques excréments en moustache. D'ailleurs il gardera toute sa candeur quelques saisons plus tard dans La photo quand les facéties sadiques amèneront ses parents à l' envoyer dans un centre chrétien de reconditionnement pour "bi-curieux" et jusqu' au bout ignorant la signification de ce qui lui arrive... Il s'avérera trop naïf, victime trop facile en quelque sorte pour stimuler longtemps Eric par ses malheurs... Surtout extrêmement compromettant socialement pour les tendances d'Eric. Butters est le personnage qui passe d' une autorité à l'autre, complémentaire de Cartman, mais bien trop infidèle par la nature de son conditionnement.
Il est naturellement beaucoup plus ouvert à Stan et Kyle et leur apparence d' équilibre, de "normalité". Par exemple, Butters revient à un moment donné avec une machine pour muscler les veaux (anémiés par l' enchainement), un "calf exerciser", produit Suzanne Somers, personnalité télévisée connue entre autres pour la sitcom Notre belle famille en France, mais aussi pour ses livres de régimes ou de santé aux Etats-Unis; outre le visible parallèle entre les veaux anémiés et les spectateurs de télévision, le calembour est intraduisible en français, calf, le muscle du mollet, et calf, le petit d' un animal, très souvent, le veau. Le gag se contentera du rôle d' écho dans la problématique posée par l'épisode. Butters, personnage "faible" par contraste est celui qui dans sa naïveté apporte cet instrument de culture du corps, autre aspect associé à la culture gay... et phénomène de mode exploité par le mercantilisme.
L'épisode suivant verra Butters éjecté du groupe, son attitude traduisant un manque de caractère, une soumission systématique. L'envoyer chercher des tampons périodiques ou le faire passer à la télé avec des testicules au menton, évoquant la fellation... ne les amuse plus. Ces évènements rappellent l'imagerie négative mise souvent en avant par l'homophobie, celui qui ne se conduit pas "comme un homme". La raison pour laquelle Butters se fait jeter est qu'il propose comme "activité marrante" de "manger des gâteaux"... Pour un groupe d' enfants aux prises avec des thématiques sociales extrêmes, inondés de sexualité, de violence (South Park est à ma connaissance la seule série tuant un enfant par épisode... Kenny, "fils de pauvre"), on peut comprendre le caractère choquant de cette proposition innocente qualifiée de « nulle »... Pourtant Butters se présente ici comme l' enfant mâle qui veut jouer à la dînette, sans s' en cacher... Ce jugement à priori subjectif illustre bien ce qu' est la perception générale de l' homosexuel... il est trop efféminé, sans fierté virile, trop décalé par rapport à cette image sexuée que poursuivent les enfants dans leur construction identitaire... On touche ici clairement au rejet social. Cas nuançant celui d'Eric, bien que parfois ce dernier soit surpris en scène de dînette ou "jouant à Britney Spears", il ne le fait que dans son intimité, et son excessif sens de l' entreprise fait qu'il reste assez "cool", occasionnant de grands et déchirants combats humains. Butters reste condamné à suivre, ou à subir ce que les autres provoquent, trop gentil... Et cliché des clichés, celui-ci deviendra pour se venger "Mr Chaos", super méchant en collants, pâle copie du mégalomane Magneto des X-men, caricature de l' homme frustré et rejeté se tournant vers le mal pour obtenir l' attention qu' il recherchait... Une forme d'écho au personnage du maître d' école qui cristallise la recherche d ' identité sexuelle, Mr, alias Mme Garrison, sorte de figure du juif errant à travers les identités sexuelles, d' abord gay refoulé, ensuite transsexuel homophobe et enfin lesbienne...
Butters est défini par ses émotions, a peu de recul intellectuel et n'a pas le statut idéologique que peuvent avoir Stan, Kyle, Eric, ou même Kenny. Exemple: le programme d' informations rapportant la "prise d' otages" manque d' audimat et se retrouve coupée par petits chiens du monde entier, images de chiots sur fond musical pathétique... Cet intermède dans la diégèse pointe la dynamique abrutissante des chaînes de télévision, contrastant la réalité de ce qui se passe dans la maison de Stan avec l' imagerie animalière légère, et, on le perçoit dans un tel contexte, cynique... Butters sera le seul à ne pas rationaliser ce contraste et à s' abandonner à l' imagerie offerte, s' éveillant le matin suivant un bras autour de Stan...
Les libertés et droits élémentaires de l'homme quant à son identité et sa libido se trouvent loués, banalisés dans tous les cas. Cependant toutes les dérives ne sont pas vues avec la même tolérance. On pourra se pencher rapidement sur quelques épisodes, au choix un éléphant fait l'amour avec un cochon, où Mr Garrison dévoilera des penchants zoophiles, le panda du harcèlement sexuel, où l'éducation sexuelle en maternelle atteint des sommets trash inusités, deux hommes nus dans un jacuzzi, où les pères de Stan et Kyle se regardent se masturber, jetant dans un doute profond Randy, le premier, jusqu'à ce qu'il apprenne que "tout le monde a déjà fait ça ou pire", Cartman s' inscrit à la NAMBLA, où Cartman à la recherche d' amis plus matures devient la mascotte de pédophiles et jettera ses amis "dans la gueule du loup" malgré lui... (clin d'œil politique, c'est le pauvre de la série, le père de Kenny, qui se fera violer par cette association de revendication aux droits pédophiles) avant l' arrestation du groupe et les accusations révoltées de Stan "mais putain vous faites l'amour à DES ENFANTS!!!", l'engin, où Mr Garrison invente un moyen de transport ultra-rapide à commandes buccales et anales, avant que quelqu'un ait la bonne idée de lui demander si on ne pouvait pas avoir des commandes manuelles classiques... ou l'épisode de Butters, où celui-ci découvre que son père fréquente des clubs gays et provoque une crise dans le couple de ses parents avant de se faire enchaîner à la cave et nourri d'êtres humains fraîchement tués parceque ses parents croient qu' il est un zombie...
La série se permet donc d' aborder librement des pratiques associées à l'homosexualité, des débats sociaux à la vulgarisation de pratiques sexuelles hardcore ( la pédophilie illustrée par l'épisode sur la NAMBLA, la North American Man Boy Love Association, ou la scatophilie, voir Comment manger avec son cul, ou La photo et la pratique appelée "le vilain Mr Sanchez", qui consiste à étaler des excréments sur la lèvre supérieure pour faire moustache...). C'est ici que le personnage de Butters me paraît intéressant à aborder. Butters, est un chétif, et candide petit garçon, impressionnable et malléable. Il sera complémentaire de Cartman pendant quelques épisodes, en tant que souffre-douleur. Victime parfaite, il peut dormir avec un sourire angélique et quelques excréments en moustache. D'ailleurs il gardera toute sa candeur quelques saisons plus tard dans La photo quand les facéties sadiques amèneront ses parents à l' envoyer dans un centre chrétien de reconditionnement pour "bi-curieux" et jusqu' au bout ignorant la signification de ce qui lui arrive... Il s'avérera trop naïf, victime trop facile en quelque sorte pour stimuler longtemps Eric par ses malheurs... Surtout extrêmement compromettant socialement pour les tendances d'Eric. Butters est le personnage qui passe d' une autorité à l'autre, complémentaire de Cartman, mais bien trop infidèle par la nature de son conditionnement.
Il est naturellement beaucoup plus ouvert à Stan et Kyle et leur apparence d' équilibre, de "normalité". Par exemple, Butters revient à un moment donné avec une machine pour muscler les veaux (anémiés par l' enchainement), un "calf exerciser", produit Suzanne Somers, personnalité télévisée connue entre autres pour la sitcom Notre belle famille en France, mais aussi pour ses livres de régimes ou de santé aux Etats-Unis; outre le visible parallèle entre les veaux anémiés et les spectateurs de télévision, le calembour est intraduisible en français, calf, le muscle du mollet, et calf, le petit d' un animal, très souvent, le veau. Le gag se contentera du rôle d' écho dans la problématique posée par l'épisode. Butters, personnage "faible" par contraste est celui qui dans sa naïveté apporte cet instrument de culture du corps, autre aspect associé à la culture gay... et phénomène de mode exploité par le mercantilisme.
L'épisode suivant verra Butters éjecté du groupe, son attitude traduisant un manque de caractère, une soumission systématique. L'envoyer chercher des tampons périodiques ou le faire passer à la télé avec des testicules au menton, évoquant la fellation... ne les amuse plus. Ces évènements rappellent l'imagerie négative mise souvent en avant par l'homophobie, celui qui ne se conduit pas "comme un homme". La raison pour laquelle Butters se fait jeter est qu'il propose comme "activité marrante" de "manger des gâteaux"... Pour un groupe d' enfants aux prises avec des thématiques sociales extrêmes, inondés de sexualité, de violence (South Park est à ma connaissance la seule série tuant un enfant par épisode... Kenny, "fils de pauvre"), on peut comprendre le caractère choquant de cette proposition innocente qualifiée de « nulle »... Pourtant Butters se présente ici comme l' enfant mâle qui veut jouer à la dînette, sans s' en cacher... Ce jugement à priori subjectif illustre bien ce qu' est la perception générale de l' homosexuel... il est trop efféminé, sans fierté virile, trop décalé par rapport à cette image sexuée que poursuivent les enfants dans leur construction identitaire... On touche ici clairement au rejet social. Cas nuançant celui d'Eric, bien que parfois ce dernier soit surpris en scène de dînette ou "jouant à Britney Spears", il ne le fait que dans son intimité, et son excessif sens de l' entreprise fait qu'il reste assez "cool", occasionnant de grands et déchirants combats humains. Butters reste condamné à suivre, ou à subir ce que les autres provoquent, trop gentil... Et cliché des clichés, celui-ci deviendra pour se venger "Mr Chaos", super méchant en collants, pâle copie du mégalomane Magneto des X-men, caricature de l' homme frustré et rejeté se tournant vers le mal pour obtenir l' attention qu' il recherchait... Une forme d'écho au personnage du maître d' école qui cristallise la recherche d ' identité sexuelle, Mr, alias Mme Garrison, sorte de figure du juif errant à travers les identités sexuelles, d' abord gay refoulé, ensuite transsexuel homophobe et enfin lesbienne...
Butters est défini par ses émotions, a peu de recul intellectuel et n'a pas le statut idéologique que peuvent avoir Stan, Kyle, Eric, ou même Kenny. Exemple: le programme d' informations rapportant la "prise d' otages" manque d' audimat et se retrouve coupée par petits chiens du monde entier, images de chiots sur fond musical pathétique... Cet intermède dans la diégèse pointe la dynamique abrutissante des chaînes de télévision, contrastant la réalité de ce qui se passe dans la maison de Stan avec l' imagerie animalière légère, et, on le perçoit dans un tel contexte, cynique... Butters sera le seul à ne pas rationaliser ce contraste et à s' abandonner à l' imagerie offerte, s' éveillant le matin suivant un bras autour de Stan...
Cet épisode nous a donc offert 3 manières différentes d' aborder la gay-itude de South Park, thème décliné sur des tons divers au cours des 16 saisons. Outre l' écho à la libération des droits de l' individu, la série nous offre une vision riche, humaine, de tout ce que l'on peut désigner par insulte ou par langage politiquement correct "l'homosexualité". Le rapport à l'enfance permet entre autre de contraster les imageries choquantes et minimise les préjugés que l' on peut avoir contre la revendication de rapports sexuels et affectifs "gay", c'est un moyen d' aborder la nature affective de l'individu, ses doutes, son irrationalité. La porte vers l'homosexualité peut être ici sadique, métaphorique, affective, ou intellectuelle. C'est d' ailleurs souvent par ce biais intellectuel (beaucoup plus que par le biais affectif, souvent stigmatisé comme pathétique, via la musique de la série) que la gay-itude s'ouvre, que le raisonnement la justifie, jusqu'à un certain point, car le thème est envisagé de manière large, incluant dérives illégales... Cette gay-itude devient référent commun par le biais d' un humour subversif et critique intellectuellement stimulant pour tous. Sans être une série Gay donc à proprement parler, South Park nous propose une éthique globale rejetant les à prioris liés aux mœurs, déconstruisant les absurdités de la condition de l'homme contemporain.
La gay-itude sert donc d'outil satirique profondément humain, métaphore nourrie de contemporanéité au service d' une tolérance large et d' une morale hédonique permettant au spectateur de rire... Dans une tension de fait entre la dénonciation des dérives du mercantilisme et la production d'une série animée jouant systématiquement la carte du graveleux on ne sait que penser. On y mentionne l'exploitation du sexe par les studios Disney ou encore l' industrie musicale chrétienne, ce qui parait autrement plus pernicieux que les dialogues et situations grotesques qui font la série. En considérant le fond social du discours on peut penser que l' attrait pour le sexe que l'on dénote dans les culture populaires est, outre le produit d' une industrie exploitant l'humain et son corps, symptomatique d' une difficulté à parler de soi, son rapport avec l' autre, mais aussi d' un désir de confrontation à ses pratiques. A des formes de vécu, parfois traumatisantes. Sexualiser à outrance permettrait en fait d' aborder un discours dépossédé de certains tabous "barrière" dans le langage, ou l' échange. En cela South Park décrit, déconstruit la société et rassure le spectateur sur lui-même en montrant les abus sociaux d' envergure qu'il a par ailleurs déjà identifié, mais qui sont noyés dans des discours empreints de contradictions.
L'humour de la série pourrait n' être que le reflet du puritanisme cachant un fonctionnement social extrêmement violent et cynique. Paradoxalement pour une série décriée pour sa vulgarité, elle sensibilise à l' impact du verbe, aux dynamiques de masse niant l'individu. La série se concentre particulièrement sur les travers hypocrites de l'homme, car la plupart du temps, comme le soulignera Kyle, on dira "on a appris ceci et cela", mais au fond tout recommencera...
La gay-itude sert donc d'outil satirique profondément humain, métaphore nourrie de contemporanéité au service d' une tolérance large et d' une morale hédonique permettant au spectateur de rire... Dans une tension de fait entre la dénonciation des dérives du mercantilisme et la production d'une série animée jouant systématiquement la carte du graveleux on ne sait que penser. On y mentionne l'exploitation du sexe par les studios Disney ou encore l' industrie musicale chrétienne, ce qui parait autrement plus pernicieux que les dialogues et situations grotesques qui font la série. En considérant le fond social du discours on peut penser que l' attrait pour le sexe que l'on dénote dans les culture populaires est, outre le produit d' une industrie exploitant l'humain et son corps, symptomatique d' une difficulté à parler de soi, son rapport avec l' autre, mais aussi d' un désir de confrontation à ses pratiques. A des formes de vécu, parfois traumatisantes. Sexualiser à outrance permettrait en fait d' aborder un discours dépossédé de certains tabous "barrière" dans le langage, ou l' échange. En cela South Park décrit, déconstruit la société et rassure le spectateur sur lui-même en montrant les abus sociaux d' envergure qu'il a par ailleurs déjà identifié, mais qui sont noyés dans des discours empreints de contradictions.
L'humour de la série pourrait n' être que le reflet du puritanisme cachant un fonctionnement social extrêmement violent et cynique. Paradoxalement pour une série décriée pour sa vulgarité, elle sensibilise à l' impact du verbe, aux dynamiques de masse niant l'individu. La série se concentre particulièrement sur les travers hypocrites de l'homme, car la plupart du temps, comme le soulignera Kyle, on dira "on a appris ceci et cela", mais au fond tout recommencera...
Références :
- FERRY, Luc. Apprendre à vivre : Je vais te raconter l'histoire de la philosophie. Éditions J'ai Lu, Paris, 2008
- BUTLER, Judith, Undoing Gender, Routledge New York and London, New York, 2004
- VARIKAS, Eleni, Féminisme, modernité, postmodernisme: pour un dialogue des deux cotés de l’océan. RING, Université Paris 8. Disponible en ligne sur : http://www2.univ-paris8.fr/RING/IMG/pdf/Eleni_Varikas_Feminisme_modernite_postmodernisme_pour_un_dialogue_des_deux_cotes_de_l_ocean.pdf
- ARP, Robert, South Park and Philosophy: You Know, I Learned Something Today, Wiley-Blackwell Malden (USA), 2006.
L'auteur :
Michel Jamot est étudiant en master psychanalyse et esthétique à l'université Montpellier 3. Il a également une maîtrise de Lettres Modernes. Passionné d'art et de voyages, il s'exerce dans diverses domaines artistiques comme peinture , la musique et l' écriture. Il est l'auteur d'une série de poèmes sans titres publiés dans le supplément Lab's de la revue Artéfact ( n°2, décembre 2012).
http://www.micheljamot.fr
http://www.micheljamot.fr